Le Sous-Sol par Peeping Tom : enterrés vivants

Est-on en enfer ou au paradis ? Au milieu d’êtres âgés, aux cheveux blanchis et aux corps décharnés, les quelques personnages jeunes et immaculés de ce spectacle venu de Bruxelles s’affublent parfois d’ailes d’anges.

On est en tout cas sous la terre, dans un salon à demi enfoui dans le sol, surmonté d’un arbre dont on aperçoit les racines. Eperdus, les personnages y effectuent des gestes dont on ne voit jamais la fin, surveillés par une garde-chiourme sans âge et rugissante. Ces enterrés vivants, condamnés à la lumière électrique, confrontent leur désespoir dans des duos sensuels et bondissants, souillant leurs vêtements de la terre dans laquelle ils se roulent.

Parfait terrain d’exercices pour ces corps souples et agiles, tombeau idéal pour les silhouettes plus âgées qui ponctuent le spectacle, cette terre brune, meuble et élastique, joue l’un des premiers rôles de cette pièce. Profond et touchant dans la première demi-heure – on songe parfois au Beckett d’» Oh, les beaux jours ! » – le spectacle vire rapidement à l’obscène en confrontant les corps au regard de plus en plus gêné du spectateur. Une femme âgée est tout d’abord vertement houspillée par l’autoritaire surveillante, puis torturée par un jeune homme qui a l’air d’y prendre plaisir. La surveillante elle-même se déhanche en combinaison de soie avant d’offrir son sein à téter à la vieille… le sens de ce tableau final, qui pourrait être empli d’humanité, nous échappe alors tout à fait !

Crédit photographique : © Théâtre de la Ville