« Taïgo » Duos-duels pour violon guitare

Skarbo

Le duo Cordes et Âmes est constitué par deux jeunes (excellents) musiciens, une violoniste et un guitariste. Cette formation (mêlant donc un instrument à cordes frottées et un autre à cordes pincées) n’étant pas très courante, leur répertoire repose principalement, d’une part sur des arrangements qu’ils effectuent eux-mêmes, mais surtout sur des œuvres que des compositeurs écrivent souvent spécialement à leur intention. Cet album n’est ainsi composé que d’œuvres récentes – seconde moitié du XXe siècle – et ne comprend pas moins de six créations.

Le mélange des timbres et des modes de jeu du violon et de la guitare donne des résultats intéressants. Les courtes pièces nous plongent à chaque fois dans des atmosphères différentes, plus ou moins familières ou repérables stylistiquement : on passe ainsi d’un morceau à l’autre en flirtant aussi bien avec les tics d’écriture issus de l’École de Vienne qu’avec les rythmes particuliers des danses populaires d’Europe de l’Est. Le langage est souvent atonal (mais pas toujours), et l’auditeur n’est jamais désorienté ou laissé seul trop longtemps.

Il faut noter aussi le fait que ce sont de véritables pièces « à deux » et non pas simplement des morceaux pour violon avec accompagnement de guitare, chacun brille à son tour. Parfois, les compositeurs font montre de beaucoup d’humour, comme Arnaud Dumond dans Pas de Deux qui débute par une cadence solo pour chacun des deux instruments (notez les citations de la Chaconne de Bach dans celle pour violon) avant de finalement les réunir dans un duo passant en revue des « tubes » (Concerto pour violon de Mendelssohn, Symphonie n°1 de Mahler, duo guitare-banjo du film Délivrance, … ), ne rechignant pas en outre à demander des effets vocaux. Cet album, très varié et fort bien enregistré, s’écoute avec beaucoup de plaisir du début à la fin, et l’on goûte particulièrement l’énergie et la sensibilité des deux interprètes qui défendent très vaillamment leur répertoire. On regrettera seulement l’extrême légèreté de la notice qui ne précise ni la date de composition des œuvres, ni même celle – ainsi que le lieu d’enregistrement – du disque. Un peu plus d’informations n’aurait pas nui, mais cela n’enlève rien à la qualité de cet album. À suivre, donc.