Des pièces inédites de Debussy interprétées par Alain Planès

Prophète annonciateur d'une révolution musicale qui changera à jamais la face du monde, Claude Debussy a fait, du piano, l'instrument principal de son nouveau langage : la tonalité élargie, la modalité, le son lunaire et rêveur des harmonies parallèles, hérité du gamelan balinais, se déploient avec grâce dans des recueils comme les Préludes. C'est cette littérature pianistique, très aboutie, que nous connaissons en général du compositeur français.

Très exigeant, ce dernier a pourtant renié plusieurs œuvres de jeunesse, inspirées de Chopin, présentées ici sur ce double disque : Danse Bohémienne, Rêverie, Mazurka, Ballade Slave, Nocturne, Danse, Valse Romantique ainsi que les désormais célèbres Trois Images datées de 1894.

On trouve également dans cette compilation originale des musiques de scène inachevées (pour Le Roi Lear de Shakespeare), des œuvres inspirées de la musique ancienne (Les Six Epigraphes Antiques) ou de pays lointains (Estampes), des commandes (le magnifique Morceau de Concours, Le Petit Nègre, L'Hommage à Haydn, La Berceuse Héroïque, Pour l'œuvre du vêtement du blessé), même les plus étonnantes (Les Soirs illuminés par l'ardeur du charbon : dédiée à un charbonnier en contrepartie de factures impayées !).

Alain Planès convainc dès les premières secondes : mieux, une émotion puissante nous envahit dès les premiers instants de l'écoute de ce disque. Ces pièces de Debussy sont interprétées par le pianiste avec une sensibilité extrême, et ses doigts semblent caresser le clavier. On se serait attendu à entendre du Debussy de bas étage, à distinguer les faiblesses qui ont conduit Debussy à considérer avec plus de mépris certaines de ces pièces : il n'en est rien. Alain Planès transfigure ces pièces et nous fait entrer dans l'intimité même de l'homme. Plus qu'un hommage, une interprétation magnifique qui surpasserait presque celles des plus grands maîtres.