Deux quatuors de Bartók interprétés par l’Arcanto Quartett

Si Béla Bartók a beaucoup écrit pour les cordes, les six quatuors représentent sans doute ce qu'il y a de plus abouti à chaque étape de sa carrière. Ce sont les deux derniers quatuors, créés en leur temps par le Quatuor Kolisch, qui sont présentés sur ce disque…

Dédié à la mécène américaine Elisabeth Sprague Coolidge, le Quatuor n°5 est une œuvre tonale (articulée autour de si bémol), mais comme souvent chez le compositeur, cette tonalité est considérablement élargie : mélodies populaires revues et corrigées par le compositeur, chromatismes et polymodalité. Rigoureusement construit, ce quatuor allie grande virtuosité, nouveauté et extrême sensibilité.

Béla Bartók commence le Quatuor n°6 alors qu'il séjourne chez le célèbre mécène Paul Sacher. Il le finira quelques mois plus tard à Budapest. Composé de quatre mouvements, ce quatuor est essentiellement fondé sur un petit thème mélancolique énoncé en début de chaque mouvement.

Ces deux œuvres sont interprétées par l'Arcanto Quartett, un tout jeune quatuor à cordes créé en 2002 par quatre musiciens solistes déjà reconnus (Antje Weithaas, Daniel Sepec, Tabea Zimmermann, Jean-Guihen Queyras), dont c'est le premier enregistrement discographique. On aurait pu craindre que l'individualité de chacun puisse compromettre l'unité du quatuor, il n'en est rien : c'est un vrai son d'ensemble, dense et riche, qu'ils proposent à l'auditeur. Et comme ils sont déjà des solistes brillants, les contrepoints sont d'une clarté exemplaire… Bartok est donc plutôt bien servi par l'Arcanto Quartett, dont il faudra sans aucun doute surveiller les prochains enregistrements.