Contre toute attente, l'église anglicane au courant pourtant si calviniste, ne renonça ni aux fastes ni à la musique. S'il y eu un temps d'adaptation après sa création par Henri VIII, du aux désordres provoqués par la violence du schisme, cette église aux mains du souverain allait encourager le développement d'un courant musical original, fertile, laissant à la postérité des œuvres de toute beauté, comme la Messe à cinq voix de William Byrd.
Le Studio de Musique ancienne de Montréal, le consort des Voix humaines et l'ensemble des interprètes, sous la direction équilibrée de Christopher Jackson, nous offre ici une vision d'ensemble de cette période. Ils nous permettent de découvrir des œuvres beaucoup plus rares (verse anthem et fantaisie), et d'autant plus précieuses, qu'elles nous surprennent par le rayonnement qui en émane. Le verse anthem naquit vers 1550. Son architecture faisait alterner un chœur, après une introduction par un consort de violes, ou à l'orgue, avec des morceaux réservés à des voix.
Dès les premières secondes, on est sous le charme de ce dialogue entre voix et instruments, entre voix des anges (solistes et chœurs) et voix humaines (Consort des Voix humaines). L'interprétation sait nous offrir les nuances subtiles, les couleurs propres, qui nous permettent de percevoir l'originalité, l'inventivité de chaque compositeur. Dans les fantaisies, les Voix Humaines donnent souffle de vie aux violes avec une rare délicatesse et dans les verse anthems, chœurs et solistes donnent à ces architectures contrapuntiques savantes un équilibre, une noblesse, une douceur qui nous émerveille. Ils parviennent à redonner sens aux textes de la liturgie en langue anglaise qui offraient aux âmes tourmentées par la violence des temps, un havre de paix. Les instruments anciens leur apportent un soutien qui sait non seulement les mettre en valeur, mais les aider à s'élever, à nous élever. Rise, O my soul, est une révélation, une initiation à un répertoire méconnu, fait d'instants de grâce.
Le seul défaut que l'on pourrait trouver à ce CD semble relever d'une erreur de typographie. Sur la page de garde du livret, le nom de Byrd apparaît alors qu'aucun extrait musical de ce compositeur ne fait partie des œuvres enregistrées.