Carl Czerny par Neuburger : une série d’exercices qui devient vraie musique
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Carl Czerny (1791-1857) : L’art de délier les doigts op. 740 ; Franz Liszt (1811-1886) : Trois Etudes de concerts : Murmures de la Forêt, Ronde des lutins, La Leggierezza ; Stephen Heller (1813-1888) : Quatre Etudes op. 127. Jean-Frederic Neuburger, piano. 2 CD Mirare MIR 023, code barre 3 760127220237. Enregistré à La Ferme de Villefavard, en mai et septembre 2006. Notice quadrilingue (français, allemand, anglais, espagnol). Durée : 1h 51’.
MirareOpus 740 ! Et il y en a encore plus de 150 à venir puisque Carl Czerny a été terriblement prolixe en recueils pianistiques. Toutefois, cet élève de Beethoven n'a pas laissé de trace fondamentale dans la mémoire du mélomane moderne. Et pour cause, ses œuvres ne lui étaient pas vraiment destinées. Qui aurait naturellement envie de payer une place de concert pour écouter Exercice du pouce sur les touches noires sans remuer la main ou Changement de doigts sur la même touche ou encore Ecartement en tenant la main tranquille ? Non, elles étaient censées faire partie de l'apprentissage de tout pianiste qui se respecte, lui offrant, avec une certaine dose de perversité sado-masochiste, tous les exercices digitaux destinés à le préparer à l'exécution du « vrai » répertoire. Reconnaissons qu'il savait y faire, le bougre ! Ce qui nous a donné des œuvres au titre aussi poétique que L'art de délier les doigts qui nous occupe ici, mais aussi L'école de la vélocité, L'école de la virtuosité, ou encore Les cinq doigts. En tout des milliers d'études dépassant rarement les deux minutes.
A l'écoute de cet album, on se rend compte qu'il constitue presque un triple exploit. Nous devons le premier au compositeur qui a réussi à insinuer de la musique dans ce qui aurait pu n'être qu'un chapelet de difficultés techniques. Le second est la facilité déconcertante avec laquelle le pianiste réalise toutes ces acrobaties : quelle époustouflante maîtrise ! Enfin, troisième exploit et non des moindres, Neuburger a réussi à trouver la musique cachée sous les notes de Czerny et du coup, ces presque deux heures « d'exercices » s'écoutent agréablement, avec intérêt, sans lassitude, malgré le risque de répétition qui, normalement, va avec. On ne prétendra certes pas, à part les pages de Liszt, qu'il s'agit d'œuvres à connaître absolument, non, on peut vivre très bien sans. Ce n'est donc pas un disque indispensable à la compréhension de l'histoire de la musique. Par contre il devrait être remboursé par notre Sécu bien aimée à tous les apprentis pianistes qui versent des litres de transpiration à essayer de s'en sortir avec ces milliers de notes car ils auront ici la preuve que, non seulement c'est possible, mais qu'en plus ça peut même être agréable !
En plus le packaging de cet album est plutôt réussi et le texte de présentation intéressant, sur les œuvres et sur le pianiste né en décembre 1986, et nous ne pouvons qu'approuver la brochure : « Sa maturité musicale est exceptionnelle, la clarté de son jeu et la palette d'expressions remarquables. Jean-Frédéric Neuburger possède en plus, à tout juste 20 ans, un répertoire déjà considérable ». Ce que le concert qu'il a donné salle Cortot cette année a conformé de façon éclatante.
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Carl Czerny (1791-1857) : L’art de délier les doigts op. 740 ; Franz Liszt (1811-1886) : Trois Etudes de concerts : Murmures de la Forêt, Ronde des lutins, La Leggierezza ; Stephen Heller (1813-1888) : Quatre Etudes op. 127. Jean-Frederic Neuburger, piano. 2 CD Mirare MIR 023, code barre 3 760127220237. Enregistré à La Ferme de Villefavard, en mai et septembre 2006. Notice quadrilingue (français, allemand, anglais, espagnol). Durée : 1h 51’.
Mirare