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Montpellier. Opéra Comédie. 15-VI-2007. Vincenzo Bellini (1801-1835) : Norma, opéra en 2 actes sur un livret de Felice Romani d’après la tragédie de Soumet. Mise en scène : Paul-Emile Fourny. Décors et costumes : Poppi Ranchetti. Lumières : Jacques Châtelet. Avec : Hasmik Papian, Norma ; Antonio Nagore, Pollione ; Nancy Fabiola Herrera, Adalgisa ; Enrico Iori, Oroveso. Chœurs et chœurs supplémentaires de l’Opéra National de Montpellier, chef des chœurs : Noëlle Geny ; Orchestre national Montpellier Languedoc-Roussillon, direction : Jean-Yves Ossonce.
Plus que périlleuse pour la soprano dramatique, Norma est également une œuvre malaisée à mettre en scène – ne pas tomber dans le pittoresque gaulois.
Un écueil est la modernisation à tout crin où s'exprime plus la mégalomanie du metteur en scène que les tourments de la prêtresse comme ce fut le cas pour la production de Guy Joosten à Amsterdam en 2005. L'autre versant est la production « à l'ancienne » avec toges et cothurnes ou « Les grandes heures du Metropolitan »… C'est l'option que choisit Paul-Emile Fourny pour sa production niçoise. On ne saurait pourtant lui reprocher des choix respectueux de l'œuvre. Il s'agit d'ailleurs d'une scénographie stylisée, jouant surtout sur les éclairages. Mais la production reste quand même fort pauvre avec un décor qui se résume à un escalier pivotant. Escalier laid, sale de coulées de bougie, de toiles d'araignées ou de poussière, et d'ailleurs un peu mou car les chanteurs s'y enfoncent un peu ce qui ne renforce pas particulièrement la crédibilité… La direction d'acteurs s'inscrit également dans le registre de la production « à l'ancienne », avec un Pollione caricatural, qui chante sans nuances un genou en terre et le poing sur le cœur, à la Pavarotti mais… le talent en moins.
Hasmik Papian remplaçait au dernier moment la très attendue Susan Neves pour le rôle-titre d'une série de cinq représentations. Loin de la Norma ouragan que l'on entend souvent, elle commence piano pour son entrée en scène et le fameux « Casta Diva ». La cantatrice passe du piano au forte sans heurt, et termine son grand air sur des messe di voce à se damner… Tout au long de la représentation, le legato est somptueux, la voix pas simplement spectaculaire dans l'agilité mais aussi intrinsèquement belle. De plus, la composition de ce rôle, dont elle est familière pour l'avoir tenu avec succès sur les plus prestigieuses scènes lyriques du monde, est très aboutie, sensible et intelligente. Pour cet emploi où l'on se demande sans cesse qui pourrait bien le tenir, la wagnérienne ou la belcantiste, Hasmik Papian impose un style très personnel et dramatiquement efficace. Plus près de Joan Sutherland que de Maria Callas pour les choix stylistiques comme pour la technique, sa prêtresse gauloise se trouve à mi-chemin entre la mère tentée d'infanticide qu'incarnait Callas et la fragilité qu'y distillait Caballé.
Qu'est-il arrivé à Nancy Fabiola Herrera ? Belle Giulietta des Contes d'Hoffmann à l'Opéra Bastille il y a quelques mois, la mezzo peine à imposer une ligne de chant saccadée et un timbre sans charme. Certains moments sont plus réussis, et le personnage bien interprété, mais dans l'ensemble, les deux duos entre Norma et Adalgisa en souffrent. Notre époque ne manque pourtant pas de mezzos aptes à chanter ce rôle, telles Elina Garanca ou Kate Aldrich, pour ne citer qu'elles. Pourtant, ces duos, Hasmik Papian nous les doit. La revanche la saison prochaine en Avignon face à l'excellente Sophie Koch ? Si Enrico Iori se tire honorablement du rôle d'Oroveso même s'il peine parfois à être audible, les petits rôles ne parviennent pas à s'imposer et Antonio Nagore, certes puissant, passe en force les aigus et décolore.
Madame Papian méritait plus bel écrin qu'une scénographie pauvre et des comprimari médiocres. Mais tout reposait sur son interprétation et cet opéra pour diva conserve tout son intérêt si la cantatrice y réussit, même si elle n'est pas entourée au mieux. Mais les bonheurs venaient aussi de la fosse. Sous une direction digne des plus grands, l'Orchestre National de Montpellier fait preuve d'une parfaite maîtrise. Jean-Yves Ossonce évite tous les écueils d'une telle partition et fait preuve d'une science de l'orchestration bellinienne accomplie. Le chef sacrifie au rubato nécessaire et impose dès le lever du rideau une lecture qui atteint les sommets.
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Montpellier. Opéra Comédie. 15-VI-2007. Vincenzo Bellini (1801-1835) : Norma, opéra en 2 actes sur un livret de Felice Romani d’après la tragédie de Soumet. Mise en scène : Paul-Emile Fourny. Décors et costumes : Poppi Ranchetti. Lumières : Jacques Châtelet. Avec : Hasmik Papian, Norma ; Antonio Nagore, Pollione ; Nancy Fabiola Herrera, Adalgisa ; Enrico Iori, Oroveso. Chœurs et chœurs supplémentaires de l’Opéra National de Montpellier, chef des chœurs : Noëlle Geny ; Orchestre national Montpellier Languedoc-Roussillon, direction : Jean-Yves Ossonce.