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Shakespeare à l’opéra

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Avignon. Opéra-Théâtre d’Avignon et des Pays de Vaucluse. 14-VI-2007. Otto Nicolaï (1810-1849) : Die Lustigen Weiber von Windsor (extraits) ; Charles Gounod (1818-1893) : Roméo et Juliette (extraits) ; Hector Berlioz (1803-1869) : Roméo et Juliette (extraits). Mise en Scène : Yves Coudray. Lumières : Philippe Grosperrin. Costumes : Michel Ronvaux. Coiffures : Guy Jauffret. Solistes du CNIPAL ; Orchestre Lyrique de Région Avignon-Provence, direction : Dominique Trottein.

Shakespeare et Gounod à l'opéra : quel casting !… et quel dommage ! Quel dommage ? Qu'il ait été boudé…

« Ce n'était que Molière », déplorait Musset dans une salle à demi-vide. Disons avec optimisme que l'Opéra-théâtre d'Avignon était à demi-plein. On avait initialement annoncé un concert symphonique, et le public a hésité jusqu'au dernier moment. Toujours est-il que les treize jeunes chanteurs, après avoir été applaudis dans le même programme par 1. 500 personnes à l'opéra de Marseille – leur fief, il faut bien le dire – le samedi précédent, ont découvert dans la cité des papes les aléas de l'art lyrique. Mais les 300 personnes présentes ont pourtant applaudi comme mille !

Il est vrai que la soirée avait de quoi les réjouir. Certes, puisque ce sont sur scène des « débutants », des jeunes talents qui se lancent dans la carrière, on cherche, avec une certaine mauvaise foi, les failles éventuelles. Mais, avouons-le, on n'en trouve guère ; pas plus que chez leurs aînés confirmés, qui ont parfois aussi leurs faiblesses – et c'est tant mieux.

Les lumières, de Philippe Grosperrin, soulignaient le décor presque éthéré, précieux écrin pour cette belle prestation. La mise en scène, d', qui a fait ses débuts d'enfant-comédien chez Yves Allégret, la mise en scène donc, tonique, rapide, avec un nombre minimal d'accessoires tous pertinents, permettait aux artistes d'occuper avec bonheur tout l'espace et de s'y déployer avec une aisance juvénile…

La première partie avait de quoi se révéler jubilatoire. Mais pourquoi donc ne joue-t-on jamais ces Joyeuses Commères de Windsor, dans la musique d', un Offenbach avant la lettre ? On aura une mention particulière pour la remarquable suggestivité de la jeune Taïwanaise Li Chin Huang (Mme Fluth), aux mimiques joliment mobiles et d'une belle expressivité gestuelle – de bon aloi – ! Bravo aussi au ténor argentin Manuel Nuñez Camelino, sorte de Tintin lunaire, excellent, que la deuxième partie révèlera moins convaincant dans un répertoire sérieux que dans un rôle de fantaisie. Le Croate , basse (Falstaff), lui aussi promène avec plus de bonheur sa fausse bedaine, et sa truculente duplicité de vieux séducteur cynique, que sa soutane de Frère Laurent dans la deuxième partie. En résumé, des Commères et Compères joyeux, roublards, excellents comédiens, parfois un peu couverts par les cuivres de l'OLRAP (Orchestre Lyrique de Région Avignon-Provence)… qui semblait s'amuser tout autant qu'eux.

En deuxième partie, des extraits de Roméo et Juliette, de . Dans le rôle-titre, une Coréenne, Hye-Myung Kang, lumineuse jusque dans son sommeil cataleptique. Et un Mercutio que les Avignonnais auront plaisir à revoir la prochaine saison (dans Le Pays du Sourire et La Bohème), le baryton français  : il se réalisera sans doute dans un très large répertoire, servi par une voix et un physique, certes non exceptionnels mais très « scéniques » ; sa « Ballade de la Reine Mab » était très réussie ! Roméo, le ténor espagnol Andeka Azurmendi, a fourni une prestation honorable, mais quelque peu « retenue » ; ainsi, son « Ah ! lève-toi, soleil » n'avait peut-être pas l'attaque suffisamment ample, mais se rachetait néanmoins par la belle sonorité des finales tenues. Et le duo avec Juliette avait aussi de quoi séduire les plus grincheux…

Quant à l'épilogue, tiré du Roméo et Juliette de Berlioz, il était, scéniquement, d'une sculpturale pureté, en dominante de blanc, nuancé de noir et gris dans la stricte rigueur des costumes, nimbé d'une lumière quasi boréale. Les voix étaient en belle harmonie, et l'on ne pouvait terminer la soirée avec plus de grâce.

Les artistes de cette soirée (l'avons-nous dit ?), étaient les solistes 2006-2007 du CNIPAL (Centre National d'Artistes Lyriques) de Marseille, en fin de stage, les de demain… Un « très grand cru lyrique », affirme le Président du Centre, une grande cuvée à consommer sans modération…

Crédit photographique : © Marc Ginot

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Avignon. Opéra-Théâtre d’Avignon et des Pays de Vaucluse. 14-VI-2007. Otto Nicolaï (1810-1849) : Die Lustigen Weiber von Windsor (extraits) ; Charles Gounod (1818-1893) : Roméo et Juliette (extraits) ; Hector Berlioz (1803-1869) : Roméo et Juliette (extraits). Mise en Scène : Yves Coudray. Lumières : Philippe Grosperrin. Costumes : Michel Ronvaux. Coiffures : Guy Jauffret. Solistes du CNIPAL ; Orchestre Lyrique de Région Avignon-Provence, direction : Dominique Trottein.

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