Celibidache, époque vidéo, acte I
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Anton Bruckner (1824-1896) : symphonie n°9 en ré mineur. Orchestre Sinfonica di Torino della RAI, direction : Sergiu Celibidache. 1 DVD Opus Arte. Référence OA 0976 D. Enregistré à Turin en 1969. Réalisation : RAI Radiotelevisione Italiana. Notice de présentation en anglais, français et allemand. Durée : 62’00. DVD : zone O. Format audio LPCM Mono.
Opus ArteAu moment où nous amorcions la rédaction de cette chronique, les agences de presse se faisaient écho du rachat du label Opus Arte par le Royal Opera House de Covent Garden. Habitué au jeu des rachats et des fusions en cette époque difficile, le commentateur pouvait certes s'attendre à l'annonce de transactions financières, mais certainement pas à l'acquisition d'un des principaux labels de DVD lyriques, connu pour le fini de ses éditions et la qualité de ses productions, par une maison d'opéra ! Les premières réactions entraînent plutôt à la perplexité devant une telle stratégie, d'autant que se pose, avec acuité, la question du devenir de ce label, en terme de gestion des fonds de catalogues et de politique de production.
Ces faits ne doivent maintenant pas nous éloigner de notre présent propos : l'édition DVD de concerts d'archives de Sergiu Celibidache. La phobie des enregistrements du chef roumain est restée aussi célèbre qu'unique dans l'histoire de la musique. Pourtant, après le décès du maestro, sa famille s'est résolue à accepter l'édition de témoignages en concert, principalement pour éviter la concurrence d'enregistrements pirates miteux, qui pullulaient du vivant de Celibidache, chez des éditeurs peu sérieux. Dès lors, nous avons eu successivement droit à deux massives éditions à l'initiative de EMI et de DGG. Opus Arte lance aujourd'hui une « Celibidache Symphonic Serie » puisée dans les archives de la RAI. Ignorés des éditions officielles, les fonds de la radiotélévision publique italienne étaient à la source de nombreux enregistrements « sous le manteau », au son épouvantable, et émanant de nombreuses firmes des débuts de l'ère numérique (on pense entre autre à Arkadia, Arlecchino ou Fonit Cetra). C'est donc avec autant d'intérêt que d'appréhension que l'on lance ce DVD sur le lecteur.
Dans une image en noir et blanc étonnamment belle et avec une qualité de réalisation pas trop datée pour un film de 1969, le sage Roumain nous convie à une sorte de « messe noire ». A mille lieues de l'image du gourou des dernières années « animant » des tempi étirés à l'extrême, le chef campe un Anton Bruckner agité et noir dans ses couleurs. Le premier mouvement, assez animé au niveau des ruptures et des contrastes, installe de beaux climats. Le scherzo, plutôt lent, s'avère massif et sculptural, alors que le long adagio final est tendu à l'extrême et traversé par des orages de lumières et des danses macabres. L'Orchestre National de la RAI n'est sans doute pas la phalange la plus idoine pour ce répertoire, mais les musiciens, très concentrés, livrent une belle prestation. Leurs coloris assez latins (bois fluides et cordes plutôt tranchantes) teintent cette symphonie de tons contrastés.
Sans approcher les versions légendaires de Karajan (DGG), Bernstein (DGG), Jochum (DGG), Wand (RCA), Giulini (EMI), Kabasta (Music&Arts), Andendroth (Berlin Classics), nous tenons, avec ce DVD, le témoignage le plus convaincant du maestro dans cette partition. Cela s'avère plus intéressant en terme de prise de risques que le concert à Stuttgart (DGG) et que l'interminable interprétation munichoise (EMI) plombée par un scherzo impossible.
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Anton Bruckner (1824-1896) : symphonie n°9 en ré mineur. Orchestre Sinfonica di Torino della RAI, direction : Sergiu Celibidache. 1 DVD Opus Arte. Référence OA 0976 D. Enregistré à Turin en 1969. Réalisation : RAI Radiotelevisione Italiana. Notice de présentation en anglais, français et allemand. Durée : 62’00. DVD : zone O. Format audio LPCM Mono.
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