Espadero pianiste romantique et cubain mais pas encore tout à fait libéré…
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Nicolás Ruiz Espadero (1832-1890) : Œuvres pour piano. Cecilio Tieles Ferrer, piano. 1 CD Egrem 0787. Dates et lieu d’enregistrement non précisés. Notice (courte mais bien faite) en espagnol. Durée totale : 69’05’’
EgremAu XIXe siècle Nicolás Ruiz Espadero a été un pianiste compositeur interprète virtuose, à la carrière brillante. Il a non seulement assumé son origine cubaine, mais a su, dans certaines de ses compositions, synthétiser une authentique inspiration romantique digne de Chopin et Liszt et un caractère « cubain » subtilement civilisé. Sa carrière a été glorieuse dans les deux Amériques mais surtout en Amérique de Sud et bien évidemment à Cuba. Que peut aujourd'hui nous apporter l'écoute d'un récital de piano de ce compositeur quelque peu oublié en Europe ?
Remarquons d'abord que ce disque est composé d'extraits choisis dans une intégrale de l'œuvre d'Espadero, enregistrée par un pianiste Cubain éminent, Cecilio Tilies. Nous sommes donc devant une version autorisée, au cœur de l'authenticité la plus indiscutable. Cette intégrale fait d'ailleurs partie des quatre prix exceptionnels qui seront remis lors de la foire musicale « Cubadisco » véritable fête annuelle de la musique cubaine, qui se tient cette année du 19 au 27 Mai. Ce disque fait donc en quelque sorte partie d'intégrales « hors concours » primées avant d'autres devant l'évidence de leur valeur. L'inspiration d'Espadero est variable. Sa connaissance du piano en sa virtuosité la plus diabolique lui permet de composer, par moments, la musique qui met avant tout en valeur l'agilité de ses doigts. Toutes les pièces choisies sonnent bien, c'est ce qu'on appelle « du beau piano ». Mais toutes n'ont pas le même intérêt du point de vue musical. Éternel débat entre le plaisir purement pianistique basé sur la virtuosité, et le plaisir plus musical qui relève de critères bien personnels. Les pièces les plus originales et les plus remarquables sont celles qui sont écrites en forme de ballade très libres, et celles qui incluent des thèmes et des rythmes cubains. La variété des pièces et leur ordonnancement évitent pourtant de justesse un léger ennui. Pourquoi ? La prise de son est correcte, mais un peu plate. Elle ne donne en tout cas pas assez de relief au piano.
L'interprétation de Cecilio Tilies est idiomatique, mais peut-être un peu trop sérieuse. Il se montre à la hauteur de toutes les exigences techniques, sait faire chanter son piano, son legato est agréable. Mais un peu plus de « flamme » ça et là, un rubato plus appuyé, des nuances plus abruptes, un appui renforcé sur la main gauche, auraient été plus proches des attentes d'une oreille européenne. Espadero est romantique et cubain ; l'image est parlante, que diable !
C'est peut-être la critique à formuler. Cette interprétation issue d'une intégrale a été pensée comme un hommage officiel un peu embarrassé par le Respect. Cette musique mérite probablement plus d'audace interprétative. Mais rien n'empêche à présent d'autres interprètes de mettre Espadero à leur programme. Nous savons que sa musique est séduisante. C'est la mission que s'étaient fixés les initiateurs de cette intégrale. Faire connaître ce génie national et donner envie de l'écouter et de l'interpréter. Leur mission est donc accomplie.
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Nicolás Ruiz Espadero (1832-1890) : Œuvres pour piano. Cecilio Tieles Ferrer, piano. 1 CD Egrem 0787. Dates et lieu d’enregistrement non précisés. Notice (courte mais bien faite) en espagnol. Durée totale : 69’05’’
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