Les frères Capuçon et Franck Braley, trois garçons dans le vent !
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Paris. Salle Pleyel. 11-V-2007. Maurice Ravel (1875-1937) : Sonate n°2 pour piano et violon ; Berceuse sous le nom de Gabriel Fauré ; Tzigane, rapsodie de concert pour violon et piano ; Sonate n°1 pour violon et piano opus posthume ; Trio pour violon, violoncelle et piano. Renaud Capuçon, violon ; Gautier Capuçon, violoncelle ; Frank Braley, piano.
La salle Pleyel proposait l'intégrale de la musique de chambre de Maurice Ravel avec trois concerts en deux jours. L'occasion de se (re)plonger dans la quintessence des Années Folles et dans un répertoire pilier de notre patrimoine musical. De nombreux artistes invités, dont les frères Capuçon et Frank Braley, pour un premier volet principalement axé autour de la sonate et du trio.
L‘Allegretto de la Sonate n°2 pour violon et piano instaure un équilibre entre le respect de la partition et une liberté évidente de jeu. Les toutes premières notes, délicates et voilées, annoncent d'emblée un climat enchanteur et mystérieux pour devenir instable et nerveux. Le thème central joué au violon revient semer des embûches avec entêtement. Par des mises en tension fiévreuses parfaitement contrôlées, Renaud Capuçon répond du tac au tac au toucher instinctif et perlé de Frank Braley dont le sens du « swing » est d'un naturel éclatant dans Blues. Ces deux styles bien distincts se complètent avec charme et spontanéité.
Ecrite en hommage à Gabriel Fauré, la Berceuse est une œuvre dépouillée difficile d'accès avec ces fameuses dissonances. Aucune emphase particulière, juste une émotion, davantage captée par Braley. Avec Tzigane, on s'éloigne un instant du son « ravélien » pour pénétrer au cœur de l'héritage des peuples de l'Est. Faisant corps avec son instrument, Renaud Capuçon impose une clarté d'ensemble impressionnante et rivalise avec les tout meilleurs violonistes. Les deux musiciens sont en parfaite symbiose notamment dans un final empreint de brio avec des contrastes marqués.
Après l'entracte, retour au style typiquement français dans la Sonate « posthume » pour piano et violon. Jardin secret aux teintes lumineuses, son finement ciselé : le duo dialogue avec fluidité et apprivoise ces pages sentimentales avec modernité.
Le meilleur restait à venir avec un Trio pour violon, violoncelle et piano à l'approche idéale : fraîcheur d'expression, clarté des lignes et équilibre des plans sonores. Gautier Capuçon se hisse immédiatement au niveau de ses partenaires avec une aisance étonnante. Un cercle invisible semble se dessiner entre eux. Inventif, cherchant du regard ses compères, Frank Braley donne constamment matière à creuser le discours et le porte le plus loin possible. Ces trois personnalités passionnées nous offrent ainsi, avec générosité, des envolées pleines de fougue et de jeunesse. En bis, le deuxième mouvement repris avec justesse, pour le plus grand bonheur d'un public absolument conquis.
Crédit photographique : DR
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Paris. Salle Pleyel. 11-V-2007. Maurice Ravel (1875-1937) : Sonate n°2 pour piano et violon ; Berceuse sous le nom de Gabriel Fauré ; Tzigane, rapsodie de concert pour violon et piano ; Sonate n°1 pour violon et piano opus posthume ; Trio pour violon, violoncelle et piano. Renaud Capuçon, violon ; Gautier Capuçon, violoncelle ; Frank Braley, piano.