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Johannes Brahms (1833-1897) : Lieder. Bernarda Fink, mezzo-soprano. Roger Vignoles, piano. 1 CD Harmonia Mundi HMC901926. Enregistré en mars 2006. Notice trilingue avec textes des lieder en français, anglais et allemand (notice un peu courte, mais bonne traduction des poèmes). Durée : 62’41’’
Harmonia MundiVoilà le critique bien embêté. On pourrait commencer par : « Nouveau récital de Bernarda Fink, nouveau succès » ; bonne accroche, très coup de poing, un peu publicitaire, peut-être. Oui, mais voilà qui sentirait le parti pris, le côté « j'ai pas écouté, mais c'est très bien », ce qui pourrait ternir cette image d'objectivité sourcilleuse avec laquelle on ne rigole pas, à ResMusica. Mais parler d'un tel disque … rude tâche ! Comment décrire une heure de charme béat et hautement artistique, cette sorte de plaisir qui, en plus, vous donne l'impression d'avoir été, l'espace d'un instant, plus intelligent ? Car, voyez-vous, le problème c'est qu'on se réveille d'un tel disque comme d'un rêve, mieux, d'une délicieuse promenade où votre esprit a vagabondé librement, assailli de mille sensations vagues, indescriptibles mais charmantes. « Un peu lyrique, dira le lecteur ombrageux, cette chronique de printemps. »
Mais voilà, vous nous l'avez donnée, cette idée de départ : l'amour et le printemps ! Un disque tout entier qui parle d'amour, amour malheureux ou heureux, teinté d'ironie parfois, et un disque emplis de sentiments printaniers, mais avec cet allant à la fois populaire et retenu propre à Brahms. L'amour de cette musique magnifique, également, avec une joie si évidente de chanter et pourtant pas un excès, au contraire une sorte d'intériorité mais heureuse – on ne sait pourquoi on associe souvent intériorité et morosité. Cette pudeur des sentiments exprimés, quelle que soit leur diversité, donne une grande unité à ce récital, dont on sent le programme mûrement réfléchi. Il passe dans la voix de Bernarda Fink, toujours aussi magnifique pour ceux qui, malheureux mortels, ne la connaîtraient pas, une sorte de vibration, de jubilation presque, qu'on ne lui avait jamais entendu à ce point. Le timbre joue de sa chaleur et de sa clarté pour rendre avec beaucoup de classe la palpitation de l'émotion amoureuse, sans aucun effet. En dire plus reviendrait, pour le coup, à faire une déclaration d'amour à la chanteuse ; preuve d'ailleurs que son disque a parfaitement atteint son but.
On retrouve la même rondeur fruitée, le même mépris de l'éclat superficiel dans l'accompagnement impeccable de Roger Vignoles, très bien rendu par une prise de son qui joue la proximité et la chaleur.
Bref : « Nouveau récital de Bernarda Fink, nouveau succès ». On y revient, décidément !
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Johannes Brahms (1833-1897) : Lieder. Bernarda Fink, mezzo-soprano. Roger Vignoles, piano. 1 CD Harmonia Mundi HMC901926. Enregistré en mars 2006. Notice trilingue avec textes des lieder en français, anglais et allemand (notice un peu courte, mais bonne traduction des poèmes). Durée : 62’41’’
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