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Prenez le parti de Sacchini

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Antonio Sacchini (1730-1786) : Œdipe à Colone. François Loup, Œdipe ; Nathalie Paulin, Antigone ; Robert Getchell, Polynice ; Tony Boutté, Thésée ; Kirsten Blaise, Eriphile. Opera Lafayette Orchestra and Chorus, direction : Ryan Brown. 2 CD Naxos 8. 660196-97. Enregistré en mai 2005. Notice en anglais traduite en français (mal, avec des faux-sens importants), livret en français. Durée : 1h52’

 

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Ruiné par son séjour à Londres et un train de vie dispendieux, arrive un beau jour de 1781 à Paris, en pleine querelle des piccinnistes et des gluckistes. Il devient vite un favori de Marie-Antoinette et adapte des œuvres anciennes aux recettes de Gluck, apportant à la tragédie lyrique une touche d'italianité.

Et le parti français en fait son héraut – quelle ironie pour un élève de Durante ! – contre Piccinni et le parti italien. Ne cherchez pas à comprendre pourquoi le public français allait chercher en Italie ce qu'il avait sous la main ; vieux problème… Mais il perd les bonnes grâces royales et Œdipe à Colone, son dernier opéra, n'est pas créé à Fontainebleau comme prévu. Sacchini en meurt d'une crise de goutte, certains disent aussi de chagrin. Il ne verra pas l'immense succès de son œuvre à l'Opéra la saison suivante, avec plus de 500 représentations quasi ininterrompues jusqu'en 1844.

Disons-le tout net : admiré de Berlioz, qui avait la dent dure, Œdipe à Colone est un authentique chef-d'œuvre de la tragédie lyrique, et même de l'opéra classique ; c'est dire l'importance de cette parution. On y retrouve certes le ton noble de la déclamation tragique, mais sans emphase car transcendé par une verve mélodique tout italienne. La pompe des longs récitatifs est ainsi habillée d'une orchestration toujours vivante et dynamique, d'une écriture bien plus complexe et fine que celle de Gluck. Surtout, Sacchini apporte dans cette forme alors moribonde des structures plus ouvertes, une harmonie volontiers épicée de dissonances expressives, un goût certain pour la modulation brusque et dramatique. Bref, une vie et un sens théâtral fort novateurs qui échappent aux conventions. L'intérêt est toujours soutenu et certains airs sont même d'une très grande beauté. On a plus d'une fois l'étrange sentiment d'écouter un Mozart qui se serait plié, et de bonne grâce, aux exigences de ces « imbéciles de Français ».

La troupe réunie par n'appelle que des éloges : est un Œdipe vocalement imposant, tyrannique et accablé de chagrin ; un Polynice à la belle voix claire, tout comme , un rien plus corsé ; une Eriphile charmante à la voix fraîche. Mais c'est surtout l'Antigone déchirante, au timbre riche et pathétique, de qui domine la distribution. Quels accents ! Surtout, la prononciation française de chacun est impeccable, le style toujours simple et sans affectation, même si la prise de son, agréable mais un peu éloignée et réverbérée, masque parfois la compréhension du texte. Mais, surtout, a parfaitement saisi l'allure générale de la partition et la place prépondérante accordée au texte : les récitatifs sont toujours vivants, dramatiques, et gardent pourtant une certaine majesté indispensable au genre. Les tempos sont vifs, les articulations très efficaces, sans agitation hors de proportion comme sans componction guindée. Bref, un naturel dans la déclamation qui montre de réelles affinités avec le genre si délicat de la tragédie lyrique.

Une grande et belle découverte, l'un des fleurons du catalogue Naxos, et un achat fortement recommandé à tous les amateurs d'opéras du XVIIIe siècle.

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Antonio Sacchini (1730-1786) : Œdipe à Colone. François Loup, Œdipe ; Nathalie Paulin, Antigone ; Robert Getchell, Polynice ; Tony Boutté, Thésée ; Kirsten Blaise, Eriphile. Opera Lafayette Orchestra and Chorus, direction : Ryan Brown. 2 CD Naxos 8. 660196-97. Enregistré en mai 2005. Notice en anglais traduite en français (mal, avec des faux-sens importants), livret en français. Durée : 1h52’

 
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