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Monsieur Satie, l’homme qui avait un petit piano dans la tête. Musique d’Erik Satie (1866-1925) ; Texte : Carl Norac ; illustration : Elodie Nouhen ; François Morel, récitant ; Frédéric Vaysse-Knitter, piano. Edition Didier Jeunesse, collection « Contes et opéras » ; album 48 pages + 1 CD Didier Jeunesse ISBN 2278054961 ; Durée 54’25 ; février 2006 ; 23, 50 €
« Monsieur Satie n'a même pas assez d'argent pour s'acheter un oiseau. Alors dans une petite cage, il a mis le dessin d'un oiseau. – Oh, avec un peu de chance, il chantera quand même bien un peu ! se dit-il ».
Ainsi Erik Satie traverse sa vie, échappant à la réalité, à moins qu'au contraire il ne l'affronte avec une force d'imagination qui dépasse notre sens commun. Promeneur qui rêve grâce à un chapeau enchanté, pianiste qui apprivoise les nuages, doux excentrique qui compose avec la pauvreté – une fille aux grands yeux verts, probablement une fée – Satie, sous la plume de l'écrivain Carl Norac, se révèle être un vrai héros pour enfants (de tous âges !) sensibles au merveilleux.
Le texte, les illustrations et bien sûr la musique s'associent pour distiller un charme doux-amer prenant, par petites touches qui font mouche. On peut tout aussi bien les apprécier séparément. Le texte est un bijou de poésie, qui sait mêler des anecdotes réelles, telle celle où Satie s'écrit à lui-même, et d'autres purement oniriques, sans que le passage des unes aux autres soit artificiel. En grand conteur François Morel récite le texte d'une manière qu'une simple lecture ne ferait pas soupçonner. Il le nourrit d'inflexions inattendues, il défie la ponctuation, et pourtant tout cela sonne naturellement. C'est de la musique, en somme. Côté pure interprétation musicale, l'éditeur a eu du flair avec le jeune pianiste Frédéric Vaysse-Knitter dont les qualités d'interprétation ont déjà été saluées par deux fois dans nos colonnes : son toucher « léger et clair », le « son juste » dans Haydn (lire la chronique de son CD Haydn), son jeu « parfois mélancolique, toujours spontané » qui lui réussissait dans Chopin (lire la chronique de son récent concert) se retrouve également dans Satie. Enfin, la réussite des illustrations d'Elodie Nouhen justifie le format luxueux de cette collection de livre-disque. Le choix de couleurs pâles, mais ni pâlottes ni mièvres, l'utilisation de techniques variées : peinture, collage, grattage, composent des tableaux d'une fine et intense poésie.
Erik Satie était un choix audacieux pour un livre d'enfants, car il est à parier que peu de mélomanes auraient spontanément cité ce compositeur comme une priorité pour une initiation musicale. Grâce à un éditeur courageux et des artistes particulièrement inspirés, l'occasion se présente de reporter à plus tard l'achat ou l'emprunt à la bibliothèque d'un Mozart ou autre Vivaldi pour les enfants, et de leur préférer ce « Monsieur Satie, l'homme qui avait un petit piano dans la tête ».
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Monsieur Satie, l’homme qui avait un petit piano dans la tête. Musique d’Erik Satie (1866-1925) ; Texte : Carl Norac ; illustration : Elodie Nouhen ; François Morel, récitant ; Frédéric Vaysse-Knitter, piano. Edition Didier Jeunesse, collection « Contes et opéras » ; album 48 pages + 1 CD Didier Jeunesse ISBN 2278054961 ; Durée 54’25 ; février 2006 ; 23, 50 €
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