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Ecully. Maison de la rencontre. 29-III-2007. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Trio en mi bémol majeur op. 63 (création française) et Trio n°7 en si bémol majeur « À l’Archiduc » op. 97. Trio Boscop : Grégory Ballesteros, piano ; Thomas Gautier, violon ; Jean-Lou Loger, violoncelle.

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Une création beethovénienne

En partenariat avec l’Association Beethoven France et Francophonie qui y tenait sa réunion annuelle, la Maison de la Rencontre d’Ecully, proche banlieue lyonnaise, proposait en création le Trio op. 63 de Beethoven. Création ? Beethoven ?? Opus 63 !! Eh oui, vous avez bien lu : il existe encore une œuvre de son catalogue officiel qui n’avait jamais été jouée en France.

Explication : en 1792, le jeune Ludwig écrit un Octuor pour hautbois, clarinettes, cors et bassons qui ne sera publié qu’après sa mort, en 1830, avec le numéro d’opus tardif 103, l’éditeur Artaria ayant constaté un vide dans le catalogue entre 102 et 104 ! Mais il n’en est apparemment pas satisfait puisqu’il le remanie l’année suivante à Vienne avant de l’étoffer en 1795 pour en faire un Quintette à cordes, édité en 1796 comme opus 4. En 1807 Artaria en publie un arrangement pour trio sous le numéro d’opus 63, ainsi d’ailleurs qu’un arrangement du Trio à cordes op. 3, sous la forme d’une Sonate pour violoncelle et piano op. 64. Sans doute cet arrangement n’est-il pas de la main de Beethoven, mais le fait que celui-ci, très jaloux de son œuvre, n’ait jamais protesté de se le voir attribuer montre en tout cas qu’il y accordait une certaine valeur.

Toujours est-il que l’œuvre ne se ressent nullement de son statut de transcription. L’écriture du piano, si elle n’atteint pas les subtilités des grandes œuvres, est en tout cas parfaitement adaptée à l’instrument, ce qui montre assez le soin de l’adaptateur. Le premier mouvement, malgré un développement très court, montre un Beethoven déjà détaché des influences de Haydn, qui affleurent par moments. L’Andante, meilleure page de la partition, très classique, déploie une belle mélodie chantante sur un ostinato où l’on sent déjà la patte du maître, tout comme le Menuetto, avec ses effets d’accentuations rythmiques à contretemps tout à fait typiques. Le Finale robuste ne brille pas spécialement par le génie, mais reste d’agréable facture. Bref, une œuvre plaisante qui ne mérite pas d’avoir été si longtemps ignorée, même si, comme le montre la confrontation avec le Trio « À l’Archiduc », on reste loin des chefs-d’œuvre de la maturité.

Le Trio Boscop, ensemble de jeunes musiciens issus du Conservatoire National de Lyon, montre un goût certain pour un jeu d’ensemble nuancé et équilibré, où chacun garde cependant une personnalité bien affirmée. La mise en place est soignée, l’ambitus dynamique sait être important dans L’Archiduc ; ne reste à trouver, peut-être, qu’un surcroît de chaleur et d’engagement lyrique. Il faut dire que le piano, un Yamaha particulièrement glauque et court, comme l’acoustique très sèche de cette toute petite salle n’aidaient pas à l’épanouissement sonore.

Mais il y a là un esprit qu’on ne peut qu’encourager, quand, à l’écart d’une grande ville, une salle sort des sentiers battus et fait confiance pour cela à un ensemble de très jeunes musiciens, soutenus par une association d’amateurs chaleureux, passionnés, heureux d’échanger. Et rien ne vaut de discuter des mérites comparés de Backhaus et de Kempff, un verre de Côtes du Rhône d’une main et une large tranche de saucisson lyonnais de l’autre. Sans doute pas de grandes vedettes, mais de la culture vivante, populaire, et de qualité. Beethoven aurait grandement apprécié.

Crédit photographique : DR

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