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Henri Bonamy : remarquables Brahms et un Schubert prometteur

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Paris. Salle Cortot. 23-III-2007. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Prélude et fugue en mi bémol majeur BWV 876  ; Johannes Brahms (1833-1897) : 7 Fantaisies op. 116  ; 2 Rhapsodies op. 79  ; Franz Schubert (1797-1828) : Sonate en ré majeur op. 53 D. 850. Henri Bonamy, piano.

Après Nicolas Stavy en février, la salle Cortot accueillait un autre jeune pianiste français, , lui aussi doté de quelques jolis prix internationaux. Entré dès l'âge de six ans au Conservatoire National de Région de Versailles, il a poursuivi sa formation à Paris, Munich, Salzbourg et reçu enseignement et conseils de certains des plus fameux pianistes du moment tel Krystian Zimerman, Leon Fleisher, Rosalyn Türeck, Radu Lupu et Stephen Kovacevich. Le programme choisi pour ce concert comprenait des œuvres de Bach, Brahms et Schubert, légèrement différent du programme annoncé initialement, la Sonate K. 281 de Mozart et les œuvres de Chopin étant remplacées par les Fantaisies et Rhapsodies de Brahms.

Le Prélude et fugue BWV 876 ne fait pas partie des œuvres les plus jouées de Bach, il est plutôt court, avec un prélude presque plus développé que la fugue. nous en a donné une interprétation assez propre mais quelque peu extérieure, froide, manquant d'engagement, laissant le public sur sa faim. Heureusement le Brahms qui suivait était d'un tout autre niveau, aussi bien dans la qualité des contrastes que dans la sensibilité du touché et le naturel des phrasés. Alternant mouvements rapides et lents, les 7 Fantaisies ont montré un pianiste particulièrement inspiré dans les passages lents, au phrasé intense, respirant puissamment, délivrant une sonorité pleine et dense, captivant l'attention. Les trois Fantaisies rapides faisaient quant à elles preuve d'une belle virtuosité ; là-encore a trouvé le bon rythme brahmsien, avec ses fameux contretemps et syncopes parfaitement maîtrisés, tout comme la dynamique du grand Steinway. Les deux Rhapsodies qui suivirent permirent d'accentuer le côté imaginatif de l'interprétation, l'aspect plus libre et vivant de l'écriture étant très bien rendu. Si les passages lents furent une fois encore très réussis, les passages rapides furent parfois quelque peu tournés vers la pure virtuosité, sans que cela nuise vraiment à la réussite d'ensemble.

La Sonate en ré majeur D. 850 de Schubert (datant de 1825) forte de ses quatre mouvements peut facilement friser les 40'. Le rapprochement avec les Brahms, pourtant bien postérieurs, est pleinement justifié, Schubert y usant de techniques reprises et développées ensuite par Brahms plus de 50 (op. 79) et 70 (op. 116) ans plus tard avec certains rythmes et contretemps typiques. De fait cette sonate est sans doute plus proche, au moins dans les mouvements vifs, du Brahms joué avant l'entracte que de Beethoven, le seul mouvement lent, indiqué simplement Con moto étant l'exception surtout dans ses passages mélodieux. Trouver le caractère qu'il faut donner à cette œuvre n'est pas chose aisée pour l'interprète, le texte étant faussement simple aussi bien dans ses cellules mélodiques que rythmiques qu'il faut phraser avec justesse pour tenir la durée de chaque mouvement sans lasser l'auditeur par leurs répétitions. En principe l'expérience y est ici irremplaçable. Comment donc notre encore jeune pianiste au visage toujours juvénile s'en est-il tiré ? Et bien, excellemment dans les parties lentes de chaque mouvement où l'on retrouvait les mêmes qualités appréciées dans les Fantaisies et Rhapsodies de Brahms. Par contre dès que le rythme s'accélérait, Henri Bonamy se jetait corps et bien dans un exercice de haute virtuosité, certes impressionnant, qu'il nous est permis de trouver un peu too much dans cette œuvre, faisant ainsi disparaître le caractère ironique voire humoristique tellement savoureux que l'on trouve chez d'autres interprètes célèbres. Cela était sensible dès les premières mesures de l'Allegro vivace initial qui, après un premier accord forte et quatre accords martelés à la croche répétés deux fois, se poursuit par des séries de triolets legato toujours à la croche joués ce soir subito à la double croche. Adapter le tempo à chaque phrase se défend parfaitement, à ce point là c'était peut être un peu trop, de vivace nous étions passé brutalement au molto vivace. Comme en plus aucune des reprises ne fut exécutée, de « longue », cette sonate est passée à « plus courte », et pour une fois, les reprises nous ont manqué. Néanmoins, même si on peut critiquer le choix trop virtuose du pianiste, reconnaissons qu'il l'a assumé impeccablement et avec cohérence, et qu'il y avait tout au long de l'œuvre de fort beaux moments, comme les émouvants passages plus retenus toujours remarquables.

Si on oubliera un Bach qui a permis de chauffer les doigts, on retiendra de ce concert d'excellents Brahms et un Schubert prometteur que la maturité rendra sûrement plus complètement habité et profond. Mais déjà la maitrise du son et de la dynamique est remarquable. En bis, et peut-être pour compenser leur absence au programme, Henri Bonamy nous a offert de fort beaux Mozart et Chopin.

Crédit photographique : © DR

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Paris. Salle Cortot. 23-III-2007. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Prélude et fugue en mi bémol majeur BWV 876  ; Johannes Brahms (1833-1897) : 7 Fantaisies op. 116  ; 2 Rhapsodies op. 79  ; Franz Schubert (1797-1828) : Sonate en ré majeur op. 53 D. 850. Henri Bonamy, piano.

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