Excellence du Berliner Philharmoniker et Simon Rattle à Bruxelles
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Bruxelles. Palais des Beaux-Arts. 08-III-2007. Antonin Dvořák (1841-1904) : Symphonie n°7 en ré mineur, op. 70 ; Thomas Adès (né en 1971) : Tevot (création belge) ; Leoš Janáček (1854-1928) : Sinfonietta ; Orchestre philharmonique de Berlin, direction : Sir Simon Rattle.
La très attendue tournée du Berliner Philharmoniker s'est arrêtée à Bruxelles. La salle Henri-Lebœuf a ainsi eu la joie d'accueillir la légendaire phalange sous la baguette de Sir Simon Rattle, avec son compositeur-fétiche Thomas Adès dans ses bagages.
La Symphonie n°7 ouvrant ce concert frappe l'esprit par la direction de Rattle, musclée et inspirée, rappelant le travail de Karajan réalisé avec le Wiener Philharmoniker autour du compositeur tchèque. Rattle s'est clairement approprié l'œuvre qu'il dirige avec un plaisir manifeste, rayonnant sur ses musiciens. L'excellence de l'orchestre permet à l'auditeur de goûter aux nombreux détails de l'orchestration. On retient tout particulièrement le soin que Rattle apporte à chaque fin de phrase, capable de laisser s'évanouir une note avec une finesse rarement perceptible en cette salle. Le chef d'orchestre s'accorde des libertés de tempo, et sait construire une lecture cohérente de l'œuvre. Le Scherzo prend une saveur particulière par ses variations rythmiques et gagne en espièglerie plutôt que d'évoquer une simple danse. L'allegro final aurait, lui, peut-être gagné à conserver un tempo plus stable, tant on aime à savourer la mécanique infernale que Dvořák sait déployer dans la clôture de ses symphonies. Au terme de cette démonstration, la salle a réservé à Rattle et ses musiciens des applaudissements nourris et amplement mérités.
En ouverture de la deuxième partie de ce concert de gala européen, le public a pu découvrir la dernière œuvre de Thomas Adès : Tevot. Ce titre, pluriel d'un mot hébreu, évoque le thème de « l'arche » ayant inspiré le compositeur. L'écriture d'Adès caricature assez bien les créations actuelles, le compositeur remplissant l'entièreté de l'espace scénique par un orchestre démesuré comptant pléthore de percussions. L'on distingue une succession de tableaux et d'atmosphères dans Tevot, Adès y opposant des suraigus crissant et stridents à la pesanteur de graves extrêmes. L'expérience musicale est longue (une vingtaine de minutes), éprouvante et convainc moyennement. Il faut néanmoins reconnaitre l'intérêt de ces programmes combinant des œuvres attractives à des créations de pièces contemporaines, permettant d'élargir l'horizon musical d'un public qui n'aurait sans doute pas fait le premier pas vers pareil répertoire.
La Sinfonietta composée en 1926 rassemble tous les délices de l'orchestration de Janáček en proposant cinq courts tableaux aux ambiances radicalement contrastées. La Fanfare ouvrant cette pièce impressionne fortement. Les dix trompettistes venus s'ajouter à l'orchestre sont d'une justesse et d'une qualité d'ensemble remarquable. C'est par la suite les bois qui viennent séduire l'auditeur dans le second tableau. Le monastère de la reine développe une atmosphère aérienne et sereine. Les cordes y dévoilent une sonorité tout en velouté jusqu'au final qui permet à la fanfare de mener l'orchestre à un climax jubilatoire.
Ce luxueux concert (par la qualité de son programme mais aussi malheureusement par le prix des places…) aurait certainement mérité un bis. L'orchestre n'offrira hélas pas ce plaisir au public pourtant enthousiaste. Le Berliner Philharmoniker aura néanmoins confirmé sa réputation en nous offrant une soirée musicale passionnante.
Crédit photographique : © D. R.
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Bruxelles. Palais des Beaux-Arts. 08-III-2007. Antonin Dvořák (1841-1904) : Symphonie n°7 en ré mineur, op. 70 ; Thomas Adès (né en 1971) : Tevot (création belge) ; Leoš Janáček (1854-1928) : Sinfonietta ; Orchestre philharmonique de Berlin, direction : Sir Simon Rattle.