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Bruxelles. Palais des Beaux-Arts. 12-II-2007. Franz Schubert (1797-1828) : Symphonie n°3 en Ré majeur D. 200. Anton Bruckner (1824-1896) : Symphonie n°3 en ré mineur (version 1887-1889). Koninklijk Concertgebouworkest, direction : Mariss Jansons.
Le Concertgebouworkest en tournée
Une saison au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles ne saurait être réussie sans la traditionnelle visite des voisins de l'Orchestre Royal du Concertgebouw d'Amsterdam. Le célèbre orchestre batave était donc ce soir à Bruxelles sous la conduite de son chef Mariss Jansons dans un copieux programme symphonique mêlant Schubert et Bruckner.
Œuvre heureuse et innocente, la Symphonie n°3 de Schubert permet de mesurer la complicité et la joie de jouer ensemble qui unissent Jansons et ses musiciens. Ils en donnent une version savoureuse, tout en rondeur et en tendresse, et d'une grâce bondissante et primesautière irrésistible. L'orchestre est en tous points remarquable, et pourrait presque, malgré son effectif fourni, se passer de chef tant il est ici dans son jardin. C'est d'ailleurs ce qui va se passer dans le troisième mouvement, durant lequel le chef pose sa baguette, et se laisse aller au plaisir d'écouter ses instrumentistes d'élite se régaler d'un trio qu'ils exécutent avec une poésie infinie. Ailleurs, on pourrait également croire que la machine tourne toute seule, mais ce n'est pas du pilotage automatique, car au niveau qu'atteint le Concertgebouw dans ce répertoire, le chef peut oublier les problèmes techniques de balance, de cohésion et d'équilibre, pour se concentrer sur les minuscules détails de phrasés, de dynamique et de coloris qui font les versions plus que parfaites.
Très grand technicien de la direction d'orchestre, Jansons est un régal à voir diriger, particulièrement dans des œuvres du format de la Symphonie n°3 de Bruckner. Il en donne une version totalement maîtrisée et parfaitement construite, provoquant un sentiment de plénitude face aux masses orchestrales déployées et contrôlées. D'une rare perfection formelle, cette vision ample et patiente, aux tempi assez retenus, peut sembler un rien trop objective et distante, et manquer un peu de prise de risque, mais la critique rendra les armes devant la beauté sans limite de cette conception généreusement lyrique, et la perfection de l'ensemble.
Ayant pratiqué Bruckner depuis plus d'un demi-siècle avec Van Beinum, Jochum, Haitink, Harnoncourt et Chailly, le Concertgebouworkest est difficilement égalable. Sa couleur instrumentale sombre et chaleureuse, sa masse sonore dense mais pas lourde, l'écoute mutuelle de ses pupitres, la cohésion de ses cordes, la sobre beauté de ses vents et la tenue sans pareil de ses cuivres remettent les idées en place. Oui, le Concertgebouw est bien l'une des trois ou quatre meilleures formations de la planète. Il le prouve à chaque concert.
Cette symphonie n°3 de Bruckner sera bientôt disponible sur le label de l'orchestre, RCO Live.
Crédit photographique : © EMI
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Bruxelles. Palais des Beaux-Arts. 12-II-2007. Franz Schubert (1797-1828) : Symphonie n°3 en Ré majeur D. 200. Anton Bruckner (1824-1896) : Symphonie n°3 en ré mineur (version 1887-1889). Koninklijk Concertgebouworkest, direction : Mariss Jansons.