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Paris, Péniche-Opéra. 02-II-20007. Hans Werner Henze (né en 1926) : El Cimarrón, théâtre musical d’après Biografia de un Cimarrón de Miguel Barnet ; livret de Hans Magnus Enzensberger, adapté en français par Mireille Laroche et Paul-Alexandre Dubois ; création en langue française. Mise en scène : Mireille Laroche ; réalisation : Daniel Ould Said ; images : Mathilde Michel ; lumières : Gérard Vendrely. Avec : Paul-Alexandre Dubois, el Cimarrón ; Amélie Berson, flûtes ; Didier Aschour, guitare ; Diana Montoya Lopez, percussions ; direction musicale : Paul-Alexandre Dubois.
Les spectacles de la Péniche Opéra ont toujours des allures de défi tant l'exiguïté de ce lieu atypique réclame d'ingénieuses stratégies pour en tirer le meilleur parti.
Pour El Cimarrón (le fugitif), cet esclave cubain mort à 104 ans dont Hans Werner Henze répercute en quinze tableaux ou « chants » l'intarissable cri de révolte, Mireille Laroche investit toute la longueur de la Péniche ourlée ce soir d'une rangée de canisses couleur locale pour ménager un couloir de circulation, une sorte de coulisse permettant au personnage des entrées et sorties plus théâtrales.
Trois musiciens totalement impliqués dans le jeu scénique – rappelons qu'Henze sous-titre son ouvrage « théâtre musical » – jalonnent le plateau : au centre, une flûtiste – Amélie Berson jouant de cinq flûtes différentes et occasionnellement des percussions – côté cour, la percussionniste Diana Montoya Lopez et côté jardin le guitariste Didier Aschour, tous trois jouant « en concert » avec le personnage – c'est « un récital pour quatre musiciens – afin de donner à l'histoire son relief, ses couleurs et ses rebondissements ; au même titre que la vidéo – projetée sur trois écrans – de Mathilde Michel qui ouvre la perspective et fait flamboyer le récit.
C'est lors de son long séjour à Cuba, entre Décembre 1969 et Janvier 1970 que Hans Werner Henze écrit El Cimarrón s'inspirant de la biographie de cet esclave en fuite publié par l'ethnologue Michel Barret ; l'ouvrage voit le jour juste après la création à la Havane, par l'orchestre de Cuba, de sa sixième symphonie témoignant d'une évolution créatrice décisive liée à l'engagement politique du compositeur aux côtés des mouvements d'extrême-gauche. C'est à cette époque qu'il déclare considérer la Révolution mondiale comme « la plus grande œuvre d'art de l'humanité ».
Tenant la scène durant plus d'une heure, le baryton Paul-Alexandre Dubois, en infatigable rebelle n'ayant que « ses chaînes et sa machette pour s'en sortir », incarne cette révolte à vif, empruntant tous les modes vocaux pour dire, crier voire hurler le texte avec une agressivité de mise que le public prend de plein fouet. Si l'écriture » flexible » de la partition laisse aux quatre interprètes des plages d'improvisation – où l'action subitement patine – la stylisation particulière à laquelle Hans Werner Henze soumet constamment la ligne de chant nous fait bientôt regretter la version originale en allemand, cette langue accentuée qui donne sans doute beaucoup plus de pertinence à ce traitement vocal difficilement assumé par la langue française.
Crédit photographique : © DR
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Paris, Péniche-Opéra. 02-II-20007. Hans Werner Henze (né en 1926) : El Cimarrón, théâtre musical d’après Biografia de un Cimarrón de Miguel Barnet ; livret de Hans Magnus Enzensberger, adapté en français par Mireille Laroche et Paul-Alexandre Dubois ; création en langue française. Mise en scène : Mireille Laroche ; réalisation : Daniel Ould Said ; images : Mathilde Michel ; lumières : Gérard Vendrely. Avec : Paul-Alexandre Dubois, el Cimarrón ; Amélie Berson, flûtes ; Didier Aschour, guitare ; Diana Montoya Lopez, percussions ; direction musicale : Paul-Alexandre Dubois.