Mozart n’est pas un Mozartkugeln

Les enfants gourmands pourraient penser que Wolfgang Amadeus Mozart est l'inventeur du Mozartkugeln, cette délicieuse confiserie autrichienne faite de massepain entouré d'une couche plus foncée et d'une couche claire de crème de noisette, le tout enrobé de chocolat puis enveloppé d'un papier doré et rouge à l'effigie d'un monsieur à perruque blanche – bref toute la Vienne impériale prête à vous fondre dans la bouche.

Dans son livre destiné aux 9-14 ans, Michel Montoyat attire le jeune public avec d'autres arguments plus convaincants, à savoir que Mozart, tant par sa jeunesse faite de voyages que par ses œuvres, est un compositeur qui effectua la synthèse de la musique européenne.

Pour soutenir ce choix éthiquement louable mais potentiellement rébarbatif, l'éditeur a pris le choix de la qualité. La réalisation graphique est élégante et illustrée avec beaucoup de goût, avec une solide couverture cartonnée. Côté musique, l'illustration donne à entendre un répertoire de musique de chambre et de pièces vocales rares et variées dans des interprétations colorées et vives tirées des répertoires de Ziz-Zag Territoires («Une soirée chez les Jacquin») et de Calliope. Pour le texte, Mozart retrace sa vie comme s'il parlait d'outre-tombe, dans un langage plus direct et plus simple que celui, plus recherché et authentique, qui est extrait de ses correspondances.

Le parti pris le plus curieux de l'éditeur est que la musique n'illustre pas réellement le livre, et constitue plutôt un fonds sonore, et qu'elle ne reprend pour ainsi dire aucun «tube». C'est au fond la meilleure qualité du livre, car cela permet de sortir le lecteur des terrains trop familiers et lui ouvre des horizons plus subtils. Le disque ne dure que 27 minutes, mais cela est suffisant au regard du public visé. On regrettera toutefois que l'extrait final, le magnifique adagio de la Gran Partita (K. 361) soit présenté dans une version tronquée qui rompt maladroitement le charme et la grâce qui traversent cet ouvrage.