Simon Keenlyside ou la polyvalence

Depuis une bonne dizaine d'années, Simon Keenlyside fait partie des chanteurs les plus appréciés du panorama lyrique.

Sur toutes les scènes du monde, il excelle dans un répertoire extrêmement vaste allant de Mozart à Britten et de Rossini à Thomas Adès en passant par Verdi, Wagner, Tchaïkovski, Thomas ou encore Debussy.

Cette polyvalence est également la première chose qui frappe dans ce récital enregistré en mai et juin dernier à la Radio bavaroise. Sans aucune difficulté, Keenlyside saute ici à travers les époques et les langues dans un programme on ne peut plus éclectique où Hamlet suit Germont père, Tonio, l'oiseleur Papageno et Don Giovanni le prince Eletski. En dépit de la direction assez sommaire de Ulf Schirmer qui fait sonner Mozart comme Verdi et vice-versa, Keenlyside réussit son pari et parvient à différencier les styles et les personnages. Soulignons ici son Figaro (Le Barbier de Séville) espiègle, son Hérode (Hérodiade) tourmenté, son Marquis de Posa (Don Carlo) intense, son Don Giovanni séducteur ou encore son Wolfram (Tannhäuser) doux et rêveur.

Vocalement, le baryton est à la hauteur de la tâche avec son timbre charnu et velouté, son chant tour à tour flexible ou puissant, charmeur ou dramatique, ainsi qu'un art des nuances absolument admirable. Dans l'aigu, il y a une certaine tendance – d'ailleurs tout à fait inutile – à grossir la voix. Mais cela ne gâche nullement notre avis favorable vis à vis d'une des chanteurs les plus intéressants du moment, qui se montre ici sur le zénith de son art.