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Paris, Salle Pleyel. 10-I-2007. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Concerto pour violon et orchestre n°3 en Sol majeur, « Strasbourg » K. 216. Dimitri Chostakovitch (1906-1975) : Symphonie n°11 en sol mineur, « l’année 1905 » op. 103. Julia Fischer, violon ; Orchestre de Paris, direction : Yakov Kreizberg.
Si l'année anniversaire fêtant Mozart et Chostakovitch est désormais écoulée, la saison à Pleyel, quant à elle, continue sur sa lancée puisque les deux compositeurs étaient encore à l'affiche, ce mercredi 10 janvier, conviant sur la scène deux musiciens qui se connaissent bien ; ils ont déjà enregistré ensemble une intégrale des concertos de Mozart chez Pentatone : Il s'agit de la sémillante violoniste Julia Fischer qui était au côté de Yakov Kreisberg, un chef d'origine russe – il est en fait le demi-frère de Semyon Bychkov – dont le parcours tout à fait prestigieux – lauréat en 1986 du concours de direction Leopold-Stokowsky à New York avant d'être engagé comme Directeur général de la musique au Komische Oper de Berlin et invité par les plus grandes phalanges mondiales – donne la mesure de sa dimension artistique.
Le concert débutait par le Concerto n°3 en sol majeur K. 216, – une commande officielle de l'autoritaire Colloredo – que Mozart écrit dans la foulée des deux premiers à l'âge de dix neuf ans, laissant là un des plus purs chefs d'œuvre du genre. C'est avec l'élan de la jeunesse et l'autorité d'un archet qui n'en conserve pas moins sa souplesse et sa légèreté que Julia Fischer aborde le premier mouvement, où le soliste doit s'imposer avec panache sans rompre pour autant la vivacité du discours engagé avec l'orchestre. L'Adagio est un instant de grâce que l'interprète conduit pratiquement seule avec une sensibilité à fleur d'archet et un rien de fragilité qui sert d'autant mieux la phrase mozartienne. Julia Fischer est rayonnante dans le rondo final plein de fraîcheur et de naturel, captivant l'écoute dans la cadence qui nous fait apprécier, dans cette acoustique idéale de la salle Pleyel, la finesse du grain et le velouté de sa lumineuse sonorité. Après la Sarabande en ré mineur de Bach choisie pour un premier bis, elle revient sur scène avec un redoutable caprice de Paganini qu'elle « négocie » avec une impertinente facilité et un enthousiasme confondants.
Changement radical de décor et d'univers avec la Symphonie n°11 de Dimitri Chostakovitch sous-titrée « l'année 1905 », une fresque monumentale – une heure de musique non-stop – écrite entre 1956 et 1957 – dans laquelle le compositeur russe entend célébrer le cinquantième anniversaire de la révolution de 1905, prévoyant dans une douzième symphonie à venir d'honorer celle de 1917. Avec des sous-titres explicites pour chacune des parties – qui sont jouées enchaînées comme dans un poème symphonique – l'œuvre affiche son programme et se veut, du moins pour les deux premiers épisodes, délibérément descriptive à l'instar des musiques de films de propagande commises par Chostakovitch à la gloire du stalinisme dans les années les plus noires du compositeur : une musique à effets, certes « facile » à écouter mais qui n'en réclame pas moins une énergie formidable, ce à quoi s'applique avec une remarquable efficacité Yakov Kreizberg qui dirige sans partition et nous communique, au rythme des images qui « défilent » sur l'écran sonore, le souffle épique de ces événements. Après un mouvement lent particulièrement poignant conduit par le pupitre des altos, Yakov Kreizberg mobilise toutes les forces en présence pour lancer la fanfare héroïque du dernier mouvement – « le Tocsin » – sorte de maelström fantastique hérissé de roulements de caisse et de coups de cymbales qui n'inquiète nullement l'autorité du geste de Kreizberg menant à terme, avec une rigueur implacable, cette impressionnante machine infernale.
Credit photographique : © DR
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Paris, Salle Pleyel. 10-I-2007. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Concerto pour violon et orchestre n°3 en Sol majeur, « Strasbourg » K. 216. Dimitri Chostakovitch (1906-1975) : Symphonie n°11 en sol mineur, « l’année 1905 » op. 103. Julia Fischer, violon ; Orchestre de Paris, direction : Yakov Kreizberg.