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Philippe Entremont et Laura Mikkola : squelette de la symphonie

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Vincennes, Auditorium Jean-Pierre Miquel. 14-XII-2006. Maurice Ravel (1875-1937) : Ma Mère l’Oye. Dimitri Chostakovitch (1906-1975) : Symphonie n°15 en la majeur op. 141 (version 2 pianos par le compositeur). Philippe Entremont et Laura Mikkola, pianos.

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L'auditorium Jean-Pierre Miquel de Vincennes est une salle à connaître. Situé en proche banlieue, à proximité des transports en commun, son accès n'est pas plus périlleux que ceux du Théâtre des Champs-Élysées ou de la Salle Pleyel. L'acoustique en est de surcroît remarquable, et on ne peut que féliciter ces municipalités qui essaient de se faire une place au soleil face à cet encombrant voisin qu'est Paris.

Résidence préférée de l'Orchestre Ostinato, l'association Prima la Musica (qui gère les concerts classiques de l'auditorium) propose une saison où se confrontent, outre et , Ophélie Gaillard, Delphine Haidan, Danielle Laval, Claire-Marie Le Guay, Marie Devellereaux, Marina Chiche, Youri Bashmet, …

Ma Mère l'Oye, grand classique du piano à 4 mains, est une pièce difficile pour une ouverture de concert. Œuvre peu spectaculaire, fine et poétique, elle sonne malheureusement lourde et empesées sous ces vingt doigts pourtant experts. La Pavane de la Belle au bois dormant manque singulièrement de couleur, Petit Poucet n'a pas suffisamment de legato dans l'accompagnement en tierces, mais au fur et à mesure que les pianistes franchissent un à un les mouvements de cette suite, la magie du concert opère peu à peu et les mains se dégourdissent. Une pièce plus enlevée, moins subtile dans les coloris aurait été préférable en guise de prélude.

La version deux pianos de la Symphonie n°15 de est l'antithèse de l'œuvre précédente de Ravel : spectaculaire, grandiose, virtuose, elle mérite bien son nom de « symphonie réorchestrée » donnée par les commentateurs lors de la création de cette version dans les bureaux de l'Union des Compositeurs. Il fallait bien passer sous les fourches caudines de Jdanov et Khrennikov lors de la chape de plomb brejnévienne avant de pouvoir faire créer ses œuvres, et nombre de compositions orchestrales sont ainsi réduites pour être présentées face à la censure. Le noir et blanc du piano ici ne se fait pas monochrome. Bien que l'étude des timbres soit fondamentale dans la version originale pour orchestre, les deux claviers maniés de main de maître restituent une toute autre palette de coloris. Les thèmes ressortent ainsi plus violemment, assénés à la face de l'auditeur. L'ossature de l'œuvre n'en devient que plus évidente, comme si nous assistions en direct à sa radiographie. Nous entendons son squelette certes, mais l'interprétation, ferme et engagée, est loin d'être squelettique. On pardonnera volontiers les quelques notes « à coté » face aux difficultés d'une telle partition, dont la mise en place entre les deux pianos n'est que la partie la plus aisée. Pour prolonger notre bonheur, et viennent d'enregistrer cette Symphonie n°15 chez Cascavelle. Un disque à ne pas manquer.

Curieux hasard du calendrier, l'Orchestre National de France dirigé par Bernard Haitink jouait le soir même la version originale.

Crédit photographique : © DR

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Vincennes, Auditorium Jean-Pierre Miquel. 14-XII-2006. Maurice Ravel (1875-1937) : Ma Mère l’Oye. Dimitri Chostakovitch (1906-1975) : Symphonie n°15 en la majeur op. 141 (version 2 pianos par le compositeur). Philippe Entremont et Laura Mikkola, pianos.

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