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Curieux et frustrant concert Schumann Mozart

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Paris. Salle Pleyel. 13-XII-2006. Robert Schumann (1810-1856) : introduction et Allegro appassionato en sol majeur « Konzertstück » pour piano et orchestre op. 92  ; Geistervariationen pour piano seul WoO. 24 ; Introduction et Allegro de concert en ré mineur op. 134  ; Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : symphonie n°41 en ut majeur « Jupiter » K. 551. Tzimon Barto : piano ; Orchestre de Paris, direction : Christoph Eschenbach.

Curieux concert plein de paradoxes que celui donné Salle Pleyel par le contesté et l'.

D'abord en regroupant deux compositeurs que l'on n'associe pas forcément au premier abord, Schumann et Mozart. Puis dans l'association des œuvres elles-mêmes : un Schumann poétique tout en nuance et subtilité, joué par un pianiste aux allures de Superman bodybuildé – autre paradoxe, pour l'anecdote -, et Mozart, dans sa symphonie la plus puissante et « extravertie », la Jupiter. Curieux enfin en inventant un nouveau concerto par l'assemblage de trois œuvres différentes de Schuman jouées dans la foulée : le Konzertstück op. 92 et l'Introduction et Allegro de concert op. 134, tous deux pour piano et orchestre, encadrant les Geistervariationen WoO. 24 pour piano seul, faisant alors office de mouvement lent.

Ni idée géniale ni mauvaise idée, cet assemblage s'écoute dans sa continuité assez agréablement, mais, il faut bien l'avouer, avec une certaine indifférence, renforcée par un jeu, piano et orchestre certes en parfait accord, mais trop en demi-teintes et en retenue, ce qui aurait sans doute mieux convenu à une atmosphère plus intime qu'au grand volume de Pleyel. Pour accrocher réellement l'attention il aurait fallu accentuer un peu plus les contrastes dynamiques, ne pas trop flirter avec le pianissimo inaudible, donner un peu plus d'animation. Bref, adapter des intentions interprétatives sans doute louables au contexte sonore de la salle. Le passage pour piano seul, suite de variations très difficile à interpréter, non techniquement mais musicalement, a un peu plus que les autres pièces souffert de ce traitement intimisme (trop ?), la répétition du thème manquant ainsi de variété.

Le mouvement lent du Concerto en fa mineur BWV 1056 de Bach, pièce d'une grande pureté où le piano n'est, à quelques exceptions près, accompagné que par des pizzicati, avec sa mélodie justement célèbre, a été joué en bis. Ces quelques – courtes – minutes ont apporté plus d'émotions immédiates que l'ensemble Schumann.

Symphonie exaltante, riche en difficultés techniques et musicales (premier mouvement et surtout final), la « Jupiter » de Mozart est une des plus difficiles à réussir du corpus mozartien. Elle demande une grande précision alliée à un sens du tempo et du rebond pour réussir les grands passages fugués et contrapuntiques, un sens de la respiration pour assurer les passages mélodiques et les transitions, un équilibre sonore sur le fil pour toujours garder lisible la ligne musicale, enfin un sens de la progression dramatique, en particulier dans le final qui doit monter en puissance et tension pour culminer à sa conclusion. Bref un orchestre et un chef au sommet !

Pari pas totalement réussi par l'orchestre et le chef. Le choix d'un tempo plutôt rapide (sans excès) comme seule force motrice s'est substitué à une réelle richesse expressive et dramatique. Si la précision était au rendez-vous, le rebond l'était moins. L'orchestre, trop uniformément tiré par les premiers violons (très bons au demeurant), a manqué de corps avec des violoncelles et contrebasses pas assez présents, aussi bien quand ils répondaient aux violons que lorsqu'ils les soutenaient, et de fruité avec des bois timides. Quant au timbalier, il a brillé par son absence pendant tout le concert ! Le grand rendez-vous du final, génial sommet de cette œuvre, n'a pas atteint la plénitude attendue à cause d'une absence de progression : l'orchestre ayant donné toute l'intensité dès le départ sans jamais réussir à l'augmenter jusqu'à la conclusion.

Un bien curieux concert, un peu frustrant, car si on a senti de bonnes intentions, elles ne se sont pas toujours traduites en émotions musicales.

Crédit photographique : © DR www.zimonbarto.com

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Paris. Salle Pleyel. 13-XII-2006. Robert Schumann (1810-1856) : introduction et Allegro appassionato en sol majeur « Konzertstück » pour piano et orchestre op. 92  ; Geistervariationen pour piano seul WoO. 24 ; Introduction et Allegro de concert en ré mineur op. 134  ; Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : symphonie n°41 en ut majeur « Jupiter » K. 551. Tzimon Barto : piano ; Orchestre de Paris, direction : Christoph Eschenbach.

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