Pendant les années 1970, la Catarina Cornaro de Gaetano Donizetti semblait vivre une certaine renaissance. Leyla Gencer et Montserrat Caballè se sont notamment intéressées au rôle gratifiant de la reine de Chypre, et leurs partenaires s'appelaient Giacomo Aragall, José Carreras, Renato Bruson ou encore Giuseppe Taddei.
Alors que des témoignages de ces représentations circulent depuis longtemps chez les collectionneurs, l'éditeur italien Bongiovanni nous propose aujourd'hui une version plus rare : un concert enregistré à la radio italienne en 1974 avec une distribution moins illustre, mais assez fréquente en Italie à cette époque.
Ainsi, Margherita Rinaldi interprète le rôle-titre. Gilda à la RAI auprès de Luciano Pavarotti, Linda di Chamounix à la Scala aux côtés d'Alfredo Kraus, elle s'aventure ici dans un emploi plus lourd – trop lourd. Le timbre est jeune, les vocalises ne lui posent aucun problème, mais dans les nombreux passages dramatiques, la voix se durcit considérablement.
Côté interprétation elle fait ce qu'elle peut, mais le timbre est trop avare de couleurs pour traduire la douleur et le destin tragique de Catarina. Ottavio Garaventa ne possède ni le timbre d'Aragall ni le charisme du jeune Carreras. Mais peut-on lui en vouloir ? Saluons plutôt ses qualités : un timbre viril, un aigu lumineux, un phrasé élégant et un chant toujours nuancé. C'est déjà beaucoup. Lusignano est chanté par Licinio Montefusco dont le timbre velouté nous rappelle celui de Renato Bruson. Comme son célèbre confrère d'ailleurs, il mise plus sur un beau legato et de superbes demi-teintes que sur des accents dramatiques et un aigu éclatant.
Parmi les rôles secondaires, signalons les prestations efficaces de Guido Mazzini et Lodovico Malvasi. En revanche, nous préférons nous taire à propos du Mocenigo de Gianni Scocci. Sans être particulièrement inspiré, Elio Boncompagni nous livre une lecture compétente de la partition. Dommage seulement, qu'il ait pratiqué autant de coupures.