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Pietro della Valle dit Pellegrino (1586-1652). Ensemble XVIII-21 Musique des Lumières : Cyrille Gerstenhaber, soprano ; Johanne Cassar, soprano ; Christophe Laporte, alto ; Vincent Lièvre-Picard, ténor ; Sébastien Obrecht, ténor ; Marco Horvat, basse, lirone et théorbe ; Jean-Christophe Frisch, traverso ; Emmanuelle Guigues, viole de gambe ; Rémi Cassaigne, théorbe, guitare et setar ; Jean-Luc Ho, clavecin ; Pierre Rigopoulos, percussions ; Geetha Navale, vina. Direction : Jean-Christophe Frisch. Ensemble Twais : Essam Rafea, oud ; Moslem Rahal, Nay ; Firas Charistane, Qanun ; Jamal Al Sakka, Percussions ; Chadi Abd Al Karim, chant. Direction : Essam Rafea. 1 CD Arion ARN 68716. Notice de présentation en français et en anglais. Durée : 75’54’’
ArionExotisme et XVIIIe siècle. Voyage après voyage, l'Ensemble XVIII-21 met sa facture baroque à l'épreuve d'horizons extra-européens des plus variés. Après le Brésil baroque ou les Vêpres à la Vierge en Chine, les recherches de Jean-Christophe Frisch se sont naturellement arrêtés sur l'un de ses homologues du siècle des Lumières : le musicien voyageur (et écrivain) Pietro della Valle dit Pellegrino. Après une cuisante déception amoureuse, il quitte Rome pour découvrir l'Italie. Rencontrant, à Naples, l'humaniste Mario Schipano, il élabore un pèlerinage en Terre Sainte qui lui aura valu le surnom « Pellegrino », même si ledit pèlerin aura comblé son goût de l'aventure, plus que sa ferveur religieuse. Voilà comment la fiction doit dépasser la musicologie, comment la reconstitution est devenue comme une re-composition, une occasion de suivre les lettres de Pietro della Valle à Schipano comme un guide de voyage musical surprenant, singulier, expérimental surtout.
Les traits vocaux sont profusément ornées, pour autant que les lignes mélodiques restent sobres, les modulations sont elles dépaysantes à souhait, douces néanmoins. Les moments notamment plus festifs, tel qu'Owj (plage 15), prouvent que les musiques morphologiquement folkloriques sont parfois exemplaires du point de vue de l'union entre la signification d'usage et la forme. Ainsi, Owj veut dire apogée, point culminant (« evic » en langue turque), alors que son organisation est bien spécifiquement structuré par le haut. La collaboration de l'ensemble Twais est aussi notable (dans Taksim, plage 17), tandis que les combinaisons des instrumentistes de l'Ensemble XVIII-21 sont aussi variées que les formes présentées : Marco Horvat et le percussionniste Pierre Rigopoulos interprètent le fascinant Kriti, typique de la musique carnatique (d'Inde du Sud), Samaja Vara Gamana (plage 20). Autrement anthologiques, les six dernières plages consacrent un « dialogue en musique à cinq voix, avec cinq tonalités différentes » dont l'exotisme est d'autant plus fascinant que ces pages devraient occuper une place de choix dans une histoire des expérimentations harmoniques ayant rencontré quelques difficultés de réception à leur époque.
Après un concert dans le cadre du Festival de Pontoise (Lire notre article), l'impressionnante entreprise de l'Ensemble XVIII-21 offre un disque non seulement charmant, mais en plus captivant, à ne pas savoir où se ranger entre le rayon « musique ancienne » et les têtes de gondole « musique du monde ».
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Pietro della Valle dit Pellegrino (1586-1652). Ensemble XVIII-21 Musique des Lumières : Cyrille Gerstenhaber, soprano ; Johanne Cassar, soprano ; Christophe Laporte, alto ; Vincent Lièvre-Picard, ténor ; Sébastien Obrecht, ténor ; Marco Horvat, basse, lirone et théorbe ; Jean-Christophe Frisch, traverso ; Emmanuelle Guigues, viole de gambe ; Rémi Cassaigne, théorbe, guitare et setar ; Jean-Luc Ho, clavecin ; Pierre Rigopoulos, percussions ; Geetha Navale, vina. Direction : Jean-Christophe Frisch. Ensemble Twais : Essam Rafea, oud ; Moslem Rahal, Nay ; Firas Charistane, Qanun ; Jamal Al Sakka, Percussions ; Chadi Abd Al Karim, chant. Direction : Essam Rafea. 1 CD Arion ARN 68716. Notice de présentation en français et en anglais. Durée : 75’54’’
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