Isabelle Philippe : rêvons…

Voici que paraît, sous l'intitulé « naissance d'une diva », le premier CD de récital d'Isabelle Philippe.

Malgré ce titre, la cantatrice est pourtant loin d'être née en 2006 dans le cœur des mélomanes. Ses prestations lui valent depuis plusieurs années une réputation bien méritée pour ceux qui savent écouter, hélas, on ne peut que déplorer une nouvelle fois que les décideurs des grandes maisons parisiennes n'en fassent pas partie.

Sous l'égide du Théâtre Impérial de Compiègne, ce CD reprend en live ses plus belles prestations dans ce théâtre, des extraits de Charles VI de Halévy, Dinorah de Meyerbeer et Haydée d'Auber. Avec ses aigus triomphant et sa facilité dans la vocalisation, Isabelle Philippe semble née pour le répertoire français du XIXe siècle, qui propose aux sopranos de ces longs airs acrobatiques qui n'ont pour objet que la virtuosité pure. Elle y apporte un timbre plein et un investissement dramatique bien éloignée de l'interprétation d'un rossignol mécanique. De plus, sa diction, sa science des trilles ou des échelles chromatiques sont absolument parfaites. Ce récital vaut donc autant pour l'interprétation que pour la rareté et la beauté des œuvres proposées, et tiendra une place de choix dans la discothèque de tout amoureux de musique française.

Maintenant, rêvons. Rêvons que le Théâtre Impérial de Compiègne ait eu les moyens de nous proposer les intégrales de ce remarquable Charles VI ou de cette belle Haydée (Dinorah est paru en DVD, également chez Cascavelle). Rêvons qu'Isabelle Philippe ait eu l'occasion, pour son premier récital, de bénéficier des conditions d'un studio, pour nous proposer un choix plus complet de raretés françaises, comme l'ont fait Joan Sutherland, Sumi Jo ou Natalie Dessay. Rêvons…