Opéra, Parutions, Vidéo, Vidéo Musique

Aida mise en scéne par Franco Zeffirelli

Plus de détails

Instagram

Giuseppe Verdi (1813-1901), Aida. Mise en scène : Franco Zeffirelli. Avec : Paolo Pecchioli, Il Re ; Kate Aldrich, Amneris ; Adina Aaron, Aida ; Scott Piper, Radames ; Enrico Giuseppe Iori, Ramfis ; Giuseppe Garra, Amonasro ; Sfefano Pisani, un messaggero ; Micaela Carosi, una sacerdotessa. Orchestre et chœur (Chef de chœur : Marco Faelli) de la fondation Arturo Toscanini, direction : Massimiliano Stefanelli.. Réalisation : Fausto dall’Olio. Enregistré le 27 janvier 2001 au Teatro Giuseppe Verdi à Busseto (Italie). sous titres : Anglais, Français, Allemand, Italien et Espagnol. 2 DVD TDK Réf ASIN : 5 450270 013449. Zone 0. Durée : 2h22mn. Bonus : making of de la production (46 mn).

 
Instagram

En matière de production lyrique, le savant mélange de l'inédit et du rituel est à la source de presque toutes les réussites récentes, surtout lorsque le DVD en prolonge et en approfondit la leçon.

Dans cette édition – commémorant, au petit théâtre de Busseto, le centenaire de la mort du compositeur – d'Aida, chef-d'œuvre consacré par un siècle d'inaltérable triomphe, le plus remarquable reste le soin avec lequel tous ses acteurs ont cherché une vérité dramatique fondée sur ses seules particularités historiques.

Sans doute n'est-il pas inutile de rappeler ici qu'à la suite de Don Carlos, Verdi a opéré un brutal retrait de la scène pour cause d'incompatibilité entre l'idéal théâtral auquel il entend rester fidèle et les nouvelles mœurs du monde du spectacle. Remaniant La Forza del destino pour La Scala (1869) et composant un Libera me en hommage à Rossini, le maître de Busseto reste sourd à toutes les sollicitations jusqu'à sa réception, en mai 1870, d'un sujet égyptien envoyé par Camille du Locle. L'œuvre sera intitulée Aida, le librettiste en sera , costumes et décors viendront de Paris ; la guerre franco-prussienne retardera la création jusqu'au 24 décembre 1871. Certes, l'enthousiasme de Verdi reste prudent, mais il est symptomatique qu'il ait discerné là, au premier regard, les indices d'une mutation en profondeur du génie lyrique de son temps. C'est précisément ce trait que semblent vouloir souligner les protagonistes de l'actuelle réalisation, s'attachant à bien marquer la césure entre cette grande fresque scénique – qui parvient à un équilibre parfait entre expression du drame personnel et richesse musicale – et la forme du grand opéra qui avait provoqué un évident effet de dispersion dans Don Carlos.

C'est aussi l'occasion de rappeler que, pour une entreprise de cette envergure (le cachet s'élève à la somme colossale de 150 000 lires), Verdi avait contrôlé la genèse du livret avec une attention et un zèle jamais observés auparavant : au temps des pharaons, Radames (ténor), capitaine égyptien vainqueur des Éthiopiens, aime et est aimé d'Aida (soprano), une esclave éthiopienne, à la fureur jalouse d'Amneris (mezzo-soprano), fille du pharaon et amoureuse de lui. Involontairement conduit à la trahison par Amonasro (baryton), roi éthiopien et père d'Aida, le héros est condamné à être enterré vivant, supplice épouvantable qu'Aida partagera avec lui.

On saura gré au chef d'avoir incité ses interprètes à profiter de la nouvelle souplesse de la langue verdienne pour offrir une caractérisation singulière de chaque niveau du drame. Ainsi, dans l'ouverture de la fameuse « scène de triomphe » (finale de l'acte II), les divers états d'âme de la foule sont-ils superposés et juxtaposés au cœur d'un discours puissamment unitaire : joie éclatante de la foule, admiration des femmes pour les vainqueurs, note menaçante des prêtres. Plus loin, la tension conflictuelle apparaît à son extrême acuité lorsque se heurtent les volontés de Radames (réclamant la grâce des prisonniers) et celle des prêtres (exigeant leur mise à mort ; jamais la religion, si prégnante dans l'œuvre de Verdi, n'avait pris un si terrible visage). De ces mortelles oppositions, la caméra de Fausto dall'Olio livre toutes les hypostases aux yeux du spectateur musicien, fasciné par cette captation visuelle d'un drame habituellement traduit par le déferlement sonore délivré à la double source de la fosse et de la scène. Entre ces deux sections dramatiques, se déroulent le traditionnel ballet « égyptien » et la célébrissime « marche des trompettes » (spécialement conçues pour l'œuvre). Le soin extrême dont ont ici bénéficié les décors et les costumes participe de l'indiscutable réussite esthétique de ces grandioses épisodes dont la restitution est d'autant plus périlleuse qu'ils ne doivent pas occulter les moments plus intimes : le début de l'acte III, par exemple, avec ses délicates recherches de pure sonorité ; ou l'aria d'Aida, « Oh, patria mia », l'une des formes les plus libres jamais élaborées par Verdi. Là encore, il est difficile de ne pas saluer la pertinence artistique et musicale des trois principaux acteurs de cette soirée, le ténor (Radames) et ses deux partenaires féminines, (Aida) et (Amneris), animés d'une foi ardente et d'une sûreté technique dont les effets conjugués créent un irrésistible effet. C'est avec le même tact que dirige sa phalange, privilégiant l'intensité psychologique grâce à une efficace fusion de tous les timbres au service de l'action. La mise en scène, enfin, signée par , opte résolument pour un classicisme qui, offrant une liberté paradoxale à l'expression contrastée des sentiments dans les moments intimes, accepte dans le même temps tous les effets d'une séduisante grandiloquence, particulièrement bienvenue dans les épisodes monumentaux.

(Visited 812 times, 1 visits today)

Plus de détails

Instagram

Giuseppe Verdi (1813-1901), Aida. Mise en scène : Franco Zeffirelli. Avec : Paolo Pecchioli, Il Re ; Kate Aldrich, Amneris ; Adina Aaron, Aida ; Scott Piper, Radames ; Enrico Giuseppe Iori, Ramfis ; Giuseppe Garra, Amonasro ; Sfefano Pisani, un messaggero ; Micaela Carosi, una sacerdotessa. Orchestre et chœur (Chef de chœur : Marco Faelli) de la fondation Arturo Toscanini, direction : Massimiliano Stefanelli.. Réalisation : Fausto dall’Olio. Enregistré le 27 janvier 2001 au Teatro Giuseppe Verdi à Busseto (Italie). sous titres : Anglais, Français, Allemand, Italien et Espagnol. 2 DVD TDK Réf ASIN : 5 450270 013449. Zone 0. Durée : 2h22mn. Bonus : making of de la production (46 mn).

 
Mots-clefs de cet article
Instagram

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Reproduire cet article : Vous avez aimé cet article ? N’hésitez pas à le faire savoir sur votre site, votre blog, etc. ! Le site de ResMusica est protégé par la propriété intellectuelle, mais vous pouvez reproduire de courtes citations de cet article, à condition de faire un lien vers cette page. Pour toute demande de reproduction du texte, écrivez-nous en citant la source que vous voulez reproduire ainsi que le site sur lequel il sera éventuellement autorisé à être reproduit.