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Le Quatuor Jérusalem joue Chostakovitch

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Paris. Auditorium du Louvre. 21-X-2006. Dimitri Chostakovitch (1906-1975) : Premier quatuor en ut majeur opus 49 ; Douzième quatuor en ré bémol majeur opus 133 ; Huitième quatuor en ut mineur opus 110. Quatuor Jerusalem : Alexander Pavlovsky, violon ; Sergei Bresler, violon ; Amichai Grosz, alto ; Kyril Zlotnikov, violoncelle.

Les membres du Quatuor de Jérusalem sont très unis. Leur complicité satisfaite est débordante, si bien que leurs échanges de regards ludiques, dès les premières minutes du concert, offraient un contrepoint visuel dont la légèreté rivalisait avec la gravité, certes relative, du 1er quatuor de Chostakovitch.

Assez vite, le décalage entre les attitudes des musiciens et la part dramatique de la partition, était musicalement plus tangible : le plaisir presque lascif de chacune des nuances installées par les violons, semblait retarder un propos que nous voulions plus dense que simplement évolutif. Par exemple, le rubato « archi-cantabile » du violoncelle, presque surfait, tournait au dramatisme pédant, sauf qu’à ne savoir où mettre le tragique, Amichai Grosz à l’alto trouvait une neutralité d’expression radicalement sidérante d’expressivité, curieuse. Aussi, par un engagement peut-être trop formel, l’énergie du dernier mouvement semblait se perdre en grandiloquences et effets d’archet, plus spectaculaires que poignants.

Dans le douzième quatuor, les musiciens n’avaient pas l’air assez résolus dans leurs instabilités de tempo, à croire qu’ils n’osaient les affirmer plus volontaires. Cela dit, les interventions du violoncelle, tantôt percussives tantôt mélodiques, poussaient l’hésitation parfois jusque dans la même phrase et, si elle n’en sortait pas plus heureuse, elle n’en intensifiait la polysémie que mieux. Aussi, l’avidité rythmique, presque descriptive, de peur de s’y perdre, détachait quelques cellules qui, mises en exergue, s’entendaient comme des points de repère, accusaient le manque d’une cohésion plus vive… Ainsi, le solo de violon, tout en pizzicati, paraissaient d’autant plus scolaire que ses sursauts devaient surtout indiquer aux autres musiciens à quel endroit partir !

La deuxième partie du concert, où les quatre musiciens interprétaient le 8ème Quatuor de Chostakovitch, était notoirement plus inspirée. Comme métamorphosé, le Quatuor Jerusalem est apparu en pleine possession des ressorts les plus bouleversants d’une œuvre précisément si marquante, que Chostakovitch la pointait comme un hommage à lui-même, le 19 juillet 1960, dans une lettre à Davydovitch, depuis Joukovka : « Je me suis dit que si je mourrais un jour, personne ne songerait à écrire une œuvre à ma mémoire. Aussi ai-je décidé de l’écrire moi-même. On pourrait mettre sur la couverture : « Dédié à la mémoire de l’auteur de ce quatuor. » Le thème principal du quatuor sont les notes D. Es. C. H. c’est-à-dire mes initiales (D. Ch). »

Crédit photographique : ©DR

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Paris. Auditorium du Louvre. 21-X-2006. Dimitri Chostakovitch (1906-1975) : Premier quatuor en ut majeur opus 49 ; Douzième quatuor en ré bémol majeur opus 133 ; Huitième quatuor en ut mineur opus 110. Quatuor Jerusalem : Alexander Pavlovsky, violon ; Sergei Bresler, violon ; Amichai Grosz, alto ; Kyril Zlotnikov, violoncelle.

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