Motets et bouche cousue

La soprano canadienne Suzie LeBlanc s'est taillée une réputation honorable dans le milieu baroque grâce, entre autres, à quelques disques remarquables enregistrés avec l'ensemble Les Voix humaines pour le label Atma. Malheureusement, cette réédition d'un récital de 1998 avec une nouvelle pochette (fort vilaine) n'est pas vraiment l'idéal pour faire sa connaissance. La timbre y a certes cette fraîcheur que l'on apprécie toujours, mais l'aigu est fixe et difficile, et la blancheur des tenues donne a l'ensemble un air glacial. Surtout, on est choqué par des problèmes constants de justesse dans les traits virtuoses, avec une tendance générale à chanter trop bas qui transforme parfois les gruppettos en mélismes étranges. Les tempos sont rapides et les traits nets, mais on garde une impression gênante de manque de fini, encore accusée par des fins de phrases abruptes et peu soignées. Ajoutez à cela un accompagnement orchestral terne et sans vigueur, et vous comprendrez qu'il vaut mieux s'abstenir, malgré l'attrait d'un programme original – quoiqu'un peu court. Un faux-pas qu'il aurait mieux valu ne pas republier.

Pour un Vivaldi plein de « peps », quitte à paraître un peu agité du bocal, mieux vaut faire confiance à Patrizia Ciofi et Fabio Biondi (Virgin), ou, pour un programme homogène de motets, à Mária Zádori et Pál Németh (Harmonia Mundi), plus sages mais élégants. Pour l'ensemble des œuvres, on renvoie à la très bonne intégrale de Robert King avec Carolyn Sampson et Susan Gritton (Hyperion).