Audio, Musique de chambre et récital, Parutions

Des pianistes vinyles, poussières et souffles coupés

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Franz Liszt (1811-1886) : Die Lorelei ; Gnomenreigen ; Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Adagio sostenuto de la Sonate n°14, op. 27 n°2 ; Frédéric Chopin (1810-1849) ; Fritz Kreisler (1875-1962) / Moriz Rosenthal (1862-1946) : Caprice viennois op. 2 ; Frédéric Chopin : Andante Spianato ; Grande Polonaise brillante, op. 22 ; Mikhaïl Glinka (1804-1857) / Mili Balakirev (1837-1910) : L’alouette ; Niccolo Paganini (1772-1840) / Franz Liszt / Ferruccio Busoni (1866-1924) : La Campanella ; Nikolaï Rimski-Korsakov (1844-1908) / Serge Rachmaninov (1876-1943) : Flight of the Bumble Bee ; Fritz Kreisler / Serge Rachmaninov : Liebesfreud ; Serguei Vassilevitch Rachmaninov : Cinq morceaux de fantaisie op. 3 : n°1 « Elégie » ; Nikolaï Rimski-Korsakov / Blair Fairchild (1877-1933) : Song of India (extrait de l’opéra Sadko). Josef Lhévinne, Ferruccio Busoni, Ignacy Jan Paderewski, Mischa Levitzki, Moriz Rosenthal, Tina Lerner, Richard Buhlig, Maurice Dumesnil, Serge Rachmaninov, The Original Piano Trio, pianos. 1 CD Ampico. Notice de présentation en anglais et français. Durée : 69’38.

 

Ampico

Le projet de Pascal Marcelin est comme une synthèse entre la rénovation d’enregistrements rares et la transcription pour piano mécanique : mais au lieu de passer au VST des chefs d’œuvre convertis en MIDI, il s’agit de soumettre au clavier électronique, les touchers numérisés des interprètes historiques dont il ne nous restait, jusque là, que des enregistrements empoussiérés, de plus en plus illisibles (malgré les progrès de la restauration des vinyles). « Best of Ampico Classics » est donc un disque de science-fiction, avec douze œuvres telles que les ont interprétées les virtuoses historiques du piano, de Busoni à Rosenthal en passant par Rachmaninov. Oui, mais si le toucher est d’époque, le son ne l’est pas.

Les « phonographomanes » de la fin du XIXe siècle ont inventé une technique pneumatique pour, au lieu d’enregistrer le son, graver le jeu des pianistes, du moins leur toucher. En installant des rouleaux sur les pianos, ils ont gravé le moment où les pianistes enfonçaient et relâchaient les touches et les pédales, perforant sur leurs rouleaux l’intensité de leur toucher. Pascal Marcelin a donc été à la rencontre des collectionneurs de rouleaux pour piano mécanique, pour retrouver les touchers des grands virtuoses. Alors, si cet enregistrement veut pallier aux frustrations liées aux bruits de fond et à la pauvreté du son qui gâchent les enregistrements originaux desdits pianistes historiques, l’illusion de prise de son peut présenter à son tour quelques inconvénients. Le piano semble mat, trop informatique, réverbéré légèrement mais trop numériquement. Cela dit, l’acoustique d’une salle de concert, avec reconstitution assistée par ordinateur, aurait été bien plus malheureuse, sûrement. C’est que l’auditeur de ce disque ne peut faire l’économie d’une écoute réflexive, doit se demander ce qui lui est donné à écouter, au juste, de ces grands noms du piano. En effet, l’entreprise technologique de Pascal Marcelin nous permet de sentir les doigts de Busoni ou Rachmaninov sur les touches, il nous fait entendre leurs effets de pédale, d’étouffoirs, et comme il n’est pas question d’oublier qu’il s’agit néanmoins d’un son de synthèse (mais tout enregistrement n’en est-il pas un ?), au bénéfice de la transcription, il est à vouloir réentendre avec le son d’un orgue de barbarie ou, pourquoi pas, d’un brass band.

En effet, curieusement, le disque nous fait profiter des articulations, nous susurre quelques rubatos, suggère même les respirations des grands pianistes, sans nous restituer la teneur timbrique des enregistrements originaux dont, en partie, nécessairement, leur jeu procédait. Alors, quand le toucher n’est plus lié à la facture particulière de l’instrument qui accueillait les rouleaux d’enregistrement, quelle valeur a le toucher ? Au lieu de supposer que cette valeur est nulle, c’est bien son expérience que ce disque nous permet d’entreprendre.

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Franz Liszt (1811-1886) : Die Lorelei ; Gnomenreigen ; Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Adagio sostenuto de la Sonate n°14, op. 27 n°2 ; Frédéric Chopin (1810-1849) ; Fritz Kreisler (1875-1962) / Moriz Rosenthal (1862-1946) : Caprice viennois op. 2 ; Frédéric Chopin : Andante Spianato ; Grande Polonaise brillante, op. 22 ; Mikhaïl Glinka (1804-1857) / Mili Balakirev (1837-1910) : L’alouette ; Niccolo Paganini (1772-1840) / Franz Liszt / Ferruccio Busoni (1866-1924) : La Campanella ; Nikolaï Rimski-Korsakov (1844-1908) / Serge Rachmaninov (1876-1943) : Flight of the Bumble Bee ; Fritz Kreisler / Serge Rachmaninov : Liebesfreud ; Serguei Vassilevitch Rachmaninov : Cinq morceaux de fantaisie op. 3 : n°1 « Elégie » ; Nikolaï Rimski-Korsakov / Blair Fairchild (1877-1933) : Song of India (extrait de l’opéra Sadko). Josef Lhévinne, Ferruccio Busoni, Ignacy Jan Paderewski, Mischa Levitzki, Moriz Rosenthal, Tina Lerner, Richard Buhlig, Maurice Dumesnil, Serge Rachmaninov, The Original Piano Trio, pianos. 1 CD Ampico. Notice de présentation en anglais et français. Durée : 69’38.

 
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