Cantates de Bach par Koopman : on achève bien les intégrales

Il y deux manières d'aborder l'enregistrement et surtout la publication de l'intégrale des Cantates de Johann Sebastian Bach. Il est possible – comme ce fut le cas par le passé avec la version Harnoncourt/Leonhardt – de s'y prendre en suivant les numéros du catalogue thématique établi par Wolfgang Schmieder (BWV) : on commence par les cantates 1, 2, 3, 4 et ainsi de suite jusqu'à épuisement du stock. Ton Koopman et son ensemble ont suivi l'autre démarche logique en publiant ces œuvres d'après leur chronologie : les plus anciennes d'abord et les dernières pour finir. Justement, ce volume de trois disques achève l'intégrale mais ne comporte que deux cantates tandis que le reste est constitué par des œuvres reprenant des matériaux musicaux antérieurs comme les fragments de Messes (Kyrie – Gloria, connus sous le titre de Messes « luthériennes »).

En effet, à la fin des années 1730, ses grandes périodes de composition de cantates étant passées, Bach puise largement dans ses compositions antérieures et n'hésite pas à faire du neuf avec de l'ancien.

Disons-le franchement, les deux cantates BWV 30 et 80 ne déchaînent pas l'enthousiasme, et même on s'y ennuie un peu. C'est très propre : bien écrit, bien chanté (Sandrine Piau et Nathalie Stutzmann) et accompagné mais l'étincelle qui fait que l'on écoute ces œuvres avec intérêt et plaisir n'y est pas. En revanche, les Messes, particulièrement celles en fa et en la du deuxième disque, ont la pêche et certains passages sont proches de posséder ce qu'en jazz on nommerait le swing : les chœurs et l'orchestre sont emportés dans de véritables tourbillons sonores qui sont vraiment jubilatoires. Mais un CD passionnant sur trois reste une proportion un peu faible…

Si vous possédez les vingt-et-un premiers, ce dernier volume complètera votre collection. Pour les autres, s'il est quand même très convenable, il n'en est pas moins dispensable.