Paolo Montarsolo (Portici – Naples, 16 mars 1923 – Rome, 31 août 2006)
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Paolo Montarsolo faisait partie de cette race de chanteurs souvent oubliée, souvent décriée, souvent laissée pour compte dans le monde de l'art lyrique. Aujourd'hui la cote d'amour des amateurs d'opéras va vers les sopranos, les mezzos, les ténors. Moins souvent vers les barytons ou les basses. Dans cet ultime registre, les basses-bouffe sont les parents pauvres de la profession. Et pourtant, il n'est d'opéras de Rossini sans que la basse-bouffe n'y ait un rôle majeur. Ainsi, comment imaginer Il Barbiere di Siviglia sans un Dr Bartolo risible ou La Cenerentola sans son Don Magnifico comique.
Avec Enzo Dara, son compère d'une quinzaine d'année son cadet, Paolo Montarsolo a dominé la scène des rôles bouffe depuis les années cinquante. Il font d'ailleurs une paire d'inséparables dans une fameuse production de La Cenerentola au Covent Garden de Londres, le 5 mars 1976, où sous la direction de Claudio Abbado, Paolo Montarsolo campe un Don Magnifico rude et comique. (2 CDS Gala GL 100. 544)
Abandonnant ses études universitaires pour le chant, Paolo Montarsolo a 25 ans quand il débute sur les planches du Teatro Comunale de Bologne dans I Quattro Rusteghi d'Ermanno Wolf-Ferrari. Tout au long de sa carrière, il va accumuler la bagatelle de 182 rôles majeurs principalement dans les opéras de Rossini ou de Donizetti. Excellent acteur, il était incontournable des rôles de Dandini (La Cenerentola), de Mustafà (L'Italiana in Algeri) qu'il a porté sur toutes les scènes lyriques du monde. Il a été le Don Basilio (Il Barbiere di Seviglia) et le Don Bartolo (Le Nozze di Figaro) d'Herbert Karajan au Festival de Salzbourg pendant huit années consécutives. Outre sa prédilection pour l'opéra italien du XVIIIe siècle, on le voit tenir le rôle de Gianni Schicchi, du Baron Ochs (Der Rosenkavalier), du Médecin (Wozzeck). Passionné de musique, il a créé des œuvres contemporaines de Goffredo Petrassi, de Nino Rota, de Vieri Tosatti, de Roberto Hazon, abordant avec eux des rôles dramatiques grâce à sa grande sensibilité artistique.
Doté d'une voix puissante, étendue et souple, il a connu le succès grâce à la perfection de son style vocal et à sa présence scénique inimitable. Si sa discographie est importante, on lui préfèrera celle qui le voit en « live », la scène et la présence du public lui convenant certainement mieux que l'austérité des studios d'enregistrement qui le montrent souvent plus rigide et emprunté. L'image de l'acteur exceptionnel est conservée dans Il Barbiere di Siviglia, Le Nozze di Figaro, La Cenerentola, Così fan tutte, des films superbement dirigés par Jean-Pierre Ponnelle. Artiste complet et d'expérience, il a aussi mis en scène une douzaine de productions d'opéra.
Après avoir pris sa retraite de la scène, il s'est dédié à l'enseignement de l'art lyrique. Une activité qu'il aura prodiguée jusqu'à quelques mois de sa disparition.