Concerts, La Scène, Musique symphonique

Hélène Grimaud, laisser-aller routinier

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Genève. Victoria Hall. 6-IX-2006. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Concerto pour piano et orchestre n° 4 en sol majeur op. 58. Richard Strauss (1864-1949) : Ein Heldenleben, poème symphonique op. 40. Hélène Grimaud, piano. Orchestre de la Suisse Romande, direction : Marc Albrecht.

Vedette adulée de la scène classique, remplit les salles de concerts au seul appel de son nom. Peu importe même la teneur de ses concerts, l'Europe mélomane est à ses pieds. Reine charismatique, précédée de son image médiatique de pianiste, d'écrivaine et de passionnée des loups, le public genevois n'a pas fait exception à l'appel de l'icône. Salle comble donc, pour le premier concert d'abonnement de la saison 2006/2007 de l'. Au programme, promettait son « premier » Concerto pour piano et orchestre n°5 en mi bémol majeur op. 70, dit « L'Empereur » de Beethoven. L'espoir de ce nouvel apport à un répertoire qu'elle a encore bien mince fut vite réduit à néant. Sans explication, le public apprenait qu'elle interprèterait « son » Concerto pour piano et orchestre n° 4 qu'elle promène de concerts en concerts depuis bientôt dix ans ! Faute de grives, on mange des merles. Ainsi, au lieu de l'excitation d'une prise de rôle, nous a offert sa routine.

Après un premier mouvement sans histoire et sans relief, l'Andante con moto qu'on attendait plein de lyrisme s'égrène d'un affect faussement sentimental. Hormis quelques rares instants de beau piano, tout semble issu de l'habileté de la soliste plutôt que d'un réel engagement vis-à-vis de l'œuvre beethovénienne. Hélène Grimaud, dont les yeux exhalent un empire de feu et de profondeur, n'a que trop pâlement répondu à l'excès que demande cette composition. A la force du propos musical, la pianiste oppose un manque de puissance manifeste et une froideur interprétative étonnante. Terrée dans une passivité inaccoutumée, on se prend à regretter l'émotion de ses premiers concerts ! Malgré une exécution technique sans reproche, ce n'est pas le Rondo final qui aura raison d'une interprétation somme toute bien scolaire. La pianiste est apparue sans joie, sans nerf, comme lasse d'avoir à remplir un pensum. Même les efforts d'un dirigeant avec élégance un en bonne forme n'arriveront pas à dérider son piano. L'agenda d'Hélène Grimaud est bien rempli. Trop ? Mais d'accepter tous ces engagements l'autorise-t-elle à ce laisser-aller routinier devant un public tout acquis à son image ?

En deuxième partie de ce concert, l'imposant poème symphonique Ein Heldenleben de . Œuvre magistrale, qui nécessite une entente totale entre les différents pupitres pour en extirper la complexité harmonique. Malheureusement, le choix de disposer l'orchestre sur un tréteau alors que l'acoustique de ce théâtre est prévue pour un orchestre de fosse s'est révélé désastreux. Le son fuyant au-dessus des têtes des spectateurs des premiers rangs, il s'avère difficile de rendre compte avec objectivité de la qualité de l'interprétation de l'Orchestre de la Suisse Romande. Tout au plus aura-t-on apprécié les interventions de violon solo d'Elisabeth Balmas, offrant des instants de pur bonheur musical.

Crédits photographiques : © J. Henry Fair/DG

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Genève. Victoria Hall. 6-IX-2006. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Concerto pour piano et orchestre n° 4 en sol majeur op. 58. Richard Strauss (1864-1949) : Ein Heldenleben, poème symphonique op. 40. Hélène Grimaud, piano. Orchestre de la Suisse Romande, direction : Marc Albrecht.

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