Abbado et Lucerne, la 7ème merveille de Mahler servie par un orchestre doré
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Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n°7 « Lied der Nacht ». Orchestre du Festival de Lucerne, direction : Claudio Abbado. Réalisation : Nyika Jancso. Enregistré live le 17-18 août 2005 à la Salle de Concert du Centre de la Culture et de la Convention de Lucerne. 1 DVD vidéo EuroArts 2054629. Format PAL. Zone 0. Durée : 78 mn.
EuroArtsQuel bonheur que cet orchestre de prestige constitué tous les ans à l'occasion du Festival de Lucerne en Suisse, où se retrouvent certains des plus grands instrumentalistes internationaux, pour ne citer que les membres du quatuor Alban Berg, ceux du quatuor Hagen, ou encore les musiciens de l'Ensemble à vents Sabine Meyer. Placés sous la baguette magique du maestro italien Claudio Abbado, ils ont interprété lors de l'édition 2005 du festival suisse la problématique Symphonie n°7 de Mahler, soit exactement 100 ans après sa composition.
C'est la symphonie la moins bien comprise de Gustav Mahler, et la moins populaire par conséquent. Surnommée « Chant de la nuit », elle constitue le troisième volet de la « trilogie orchestrale » dans sa production symphonique. Son incompréhension provient surtout de ce que l'on peine à déceler entre ses cinq mouvements aussi disparates la moindre ligne conductrice. C'est aussi une de ses œuvres les plus modernes et les plus expérimentales sur le plan de l'écriture harmonique, avec des dissonances inouïes et une exploration d'intervalles peu communs, comme la quinte diminuée.
Le thème de la nuit avec ses mystères, ses ombres et ses forces obscures préoccupe le déroulement de la symphonie, avant que ne surgisse avec brutalité et provocation l'éclatante lumière du jour dans le rondo final. Le premier mouvement est la partition la plus moderne et la plus audacieuse de Mahler, avec l'andante de la Neuvième symphonie. La musique s'ouvre sur une marche militaire d'une grandeur presque funèbre, générant un climat austère, étrange et ténébreux ; ce sont les forces contradictoires de la Nature qui semblent s'exprimer sous leur face obscure. Les mouvements suivants, Nachtmusik I, Scherzo et Nachtmusik II nous font traverser différents paysages nocturnes peuplés de visions romantiques, fabuleuses et cauchemardesques, qui vont des chants d'oiseaux aux sabbats de sorcière, pour finalement nous conduire vers l'aube et la douloureuse lumière du jour, dans un complexe mouvement final bourré d'humour grinçant, de paradoxes et de caricatures, qui ne serait autre, en réalité, selon l'hypothèse d'Henri Louis de la Grange que la célébration du triomphe de l‘Alltags, ce tourbillon de la vie de tous les jours, grand ennemi de toujours de Mahler.
Jouissant d'une très bonne réalisation et d'une excellente prise de son, ce DVD évènement sert magnifiquement bien la mal-aimée des symphonies de Mahler, dans une interprétation tout à fait merveilleuse, un Abbado au sommet de son art, qui semble diriger avec un plaisir et une facilité déconcertantes. La partition de Mahler, d'une complexifié parfois terrifiante, semble être un jeu d'enfants pour ces musiciens de prestige qui se régalent sur scène… L'immanquable occasion d'apprendre à aimer cette œuvre singulière et profondément originale, ou bien simplement d'y regoûter avec la fraîcheur d'une interprétation neuve et sublimissime.
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Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n°7 « Lied der Nacht ». Orchestre du Festival de Lucerne, direction : Claudio Abbado. Réalisation : Nyika Jancso. Enregistré live le 17-18 août 2005 à la Salle de Concert du Centre de la Culture et de la Convention de Lucerne. 1 DVD vidéo EuroArts 2054629. Format PAL. Zone 0. Durée : 78 mn.
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