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Anthologie de chansons polyphoniques franco-flamandes du XVe siècle : Guillaume Dufay (1397 ?-1474) ; Gilles Binchois (vers 1400-1460) ; Alexander Agricola (1446-1506) ; Johannes Ockeghem (1410-1497) ; Heinrich Issac (1450-1517) ; Loyset Compère (1440-1518) ; Johannes Prioris (1460-1514) ; Jacob Obrecht (1457-1505) ; Pierre de la Rue (vers 1460-1518) ; Josquin des Prés (1455/60-1521). Guillemette Laurens, soprano, solistes vocaux des ensembles Currende Consort et Capella sancti Michaelis ; Ensemble instrumental Concerto Palatino, direction Erick Van Nevel. Un CD Cantus Records C 9607 ; Réédition (première parution : 1998). Notice trilingue : espagnol, français, anglais. Durée 77’30
Cantus RecordsTandis qu'en Italie se déploient les fastes architecturaux et picturaux du Quattrocento, et que des musiciens venus du nord y jettent les bases du madrigal (qui va s'imposer au siècle suivant), nombre de ces musiciens – essentiellement franco-flamands – s'illustrent à la Cour de Bourgogne, dans la chanson polyphonique profane tout autant que dans la création spirituelle. Et le rayonnement de la Maison de Bourgogne ne se limite pas au politique ; il est aussi culturel. Les compositeurs réunis ici, de Guillaume Dufay à Josquin des Prés en sont autant de témoins.
Sur le fond, c'est encore l'héritage de la chanson courtoise médiévale qui prévaut : respect et dévotion à l'élu(e) de son cœur, en même temps que variations sur le thème de « cœur qui soupire n'a pas ce qu'il désire » (ce qui constituera le fond de commerce du madrigal italien) ; mais aussi, bien éloignés des règles courtoises de la Cour de Bourgogne, certains couplets assez lestes, à la limite de la trivialité, tels ce Es wollt ein Maegdlein grasen gahn (une fillette allait en la prairie) d'Heinrich Isaac, « fillette » dont la pressante invite est sans équivoque : Fick mich, lieber Peter ! ou le malicieusement grivois Allégez moy ! attribué à Josquin : Allégez Moy, doulce plaisant brunette / dessoulz la boudinette. Encore faut-il se pencher sur le texte pour le déceler, car à la seule écoute, les différences de caractère (ou de registre) ne sont pas évidentes ; en tout cas, beaucoup moins qu'elles ne le seront quelque temps plus tard, à l'époque des Janequin, Le Jeune, Certon ou autre Mauduit.
Quant à la forme, ces pièces sont le plus souvent à trois voix, parfois quatre ou même cinq : rondeaux et ballades, avec un contrepoint en imitation (et pas forcément à toutes les voix) ; ainsi a-t-on fréquemment deux voix – supérieures – en imitation sur une troisième, autonome ; et toutes sont conçues comme des œuvres pour voix et instruments mêlés ; ce qui est particulièrement caractéristique chez Josquin des Prés, le compositeur le plus représenté ici.
S'il faut mettre l'accent sur quelques pièces à ne pas manquer, trois titres à l'écoute particulièrement recommandable : Douleur me bat, de Josquin, aux richesses harmoniques (5 voix) sensuellement captivantes ; le rondeau Triste plaisir, de Binchois, sur un texte du poète – et secrétaire de Charles VII – Alain Chartier, qui cultive l'oxymore dans cette confusion des sentiments qui peuvent animer le soupirant de telle « doulce dame, gente et belle », et où la mélodie, au superius, est accompagné d'une flûte et d'une viole complétant l'harmonie. D'Ockeghem, enfin, on retiendra le très beau – et original – rondeau à quatre voix S'elle m'amera, je ne scay, dont le texte se trouve superposé, en cantus, à trois voix inférieures chantant Petite camusette, le tout formant manière de délicieuse bergerette.
Les voix de Guillemette Laurens et de ses partenaires des ensembles Currende Consort et Capella sancti Michaelis se fondent à merveille dans ce répertoire subtil et exigeant. Quant aux excellents solistes instrumentaux du Concerto Palatino (Ah ! flûtes, dulcianes, violes, cornets et sacqueboutes !), ils leur prêtent un précieux et luxueux concours. Prise de son idéalement équilibrée et livret d'accompagnement judicieusement explicite et abondamment illustré.
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Anthologie de chansons polyphoniques franco-flamandes du XVe siècle : Guillaume Dufay (1397 ?-1474) ; Gilles Binchois (vers 1400-1460) ; Alexander Agricola (1446-1506) ; Johannes Ockeghem (1410-1497) ; Heinrich Issac (1450-1517) ; Loyset Compère (1440-1518) ; Johannes Prioris (1460-1514) ; Jacob Obrecht (1457-1505) ; Pierre de la Rue (vers 1460-1518) ; Josquin des Prés (1455/60-1521). Guillemette Laurens, soprano, solistes vocaux des ensembles Currende Consort et Capella sancti Michaelis ; Ensemble instrumental Concerto Palatino, direction Erick Van Nevel. Un CD Cantus Records C 9607 ; Réédition (première parution : 1998). Notice trilingue : espagnol, français, anglais. Durée 77’30
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