Festivals, La Scène, Musique de chambre et récital

Nicholas Angelich, la lumière du roman

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Conques. Abbaye Sainte-Foy, 26-VII-2006. Joseph Haydn (1732-1809) : Sonate en si mineur n°32. Johannes Brahms (1833_1897) : Ballades op. 10. Serge Rachmaninov (1873-1943) : Etudestableaux op. 39. Nicolas Angelich, piano.

Festival de Conques

Très loin des rumeurs de la ville, dans un site privilégié qui mérite tous les détours, le petit village aveyronnais de Conques – aujourd'hui classé site protégé par les Monuments de France – distribue ses toits de lause autour de l'imposante abbaye Sainte-Foy abritant la communauté des frères Prémontrés, un somptueux édifice du premier âge roman mis en lumière par les vitraux de Pierre Soulages. Depuis douze années déjà, les hautes voûtes de l'abbaye accueillent chaque été un festival initié et pris en charge par le Centre Culturel d'Art et de Civilisation médiévale où l'on peut se retrouver autour d'un verre, après les concerts, pour y déguster les spécialités du terroir et y bavarder librement avec les artistes.

Pauline Albouy, directrice du Festival, avait invité le pianiste pour le premier des six concerts programmés cette année à Conques du 26 Juillet au 17 Août : un récital très attendu du public qui se pressait nombreux aux portes de l'Abbaye pour écouter ce merveilleux artiste dans un programme finement agencé et tout en progression sonore qui allait culminer avec les Etudes-Tableaux de Serge Rachmaninov. Et malgré la hauteur de la nef de Sainte-Foy, la magie des lieux pleins d'histoire et de spiritualité sembla opérer pour offrir au public une acoustique idéale restituant le son, auréolé d'une légère réverbération, dans toute sa couleur et sa plénitude. Saluons bien évidemment l'éminente qualité de toucher de perpétuant la lignée des grands maîtres du son – rappelons qu'il fut à l'âge de treize ans l'élève d'Aldo Ciccolini – pour qui la musique est avant tout poésie sonore. La Sonate en si mineur n°32 de débutait le concert dans une intimité de ton qui convenait parfaitement à ce lieu de méditation. Avec beaucoup de simplicité et d'expression contenue, fit chanter « avec âme » cette pièce d'un seul tenant qui confine à la mélancolie. Le choix des quatre Ballades de Brahms dans cette première partie de concert ne pouvait mieux convenir au thème du voyage choisi cette année par le Festival. Avec ce genre éminemment libre propice à l'errance romantique qu'est la Ballade, Brahms va sonder plus avant le mystère « des âmes grises » du Nord dont il aborde les multiples facettes. C'est ici l'envergure du jeu pianistique de Nicholas Angelich et sa riche palette de couleurs qui sont sollicités pour capter l'écoute d'un public attentif jusqu'à la dernière résonance. Le cahier des Etudes-tableaux de Serge Rachmaninoff donné en deuxième partie de concert est une étonnante synthèse de l'art pianistique du compositeur russe où la virtuosité, assumée ici avec une aisance confondante, est au service de cette âme passionnée/tourmentée dont Nicholas Angelich nous communiqua la flamme intérieure et ravageuse. En bis, pour refermer cette belle trajectoire sonore, Nicholas Angelich choisissait d'abord la célèbre Rêverie de Schumann, une manière de rappeler peut-être que chaque fois que le pianiste s'exprime, le poète également parle.

Crédit photographique : © M. Ribes

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Conques. Abbaye Sainte-Foy, 26-VII-2006. Joseph Haydn (1732-1809) : Sonate en si mineur n°32. Johannes Brahms (1833_1897) : Ballades op. 10. Serge Rachmaninov (1873-1943) : Etudestableaux op. 39. Nicolas Angelich, piano.

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