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Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 22-VI-2006. Benjamin Britten (1913-1976) : Simple Symphony op. 4. Ludwig Van Beethoven (1770-1827) : Concerto pour violon et orchestre en ré majeur op. 61. Félix Mendelssohn (1809-1947) : Symphonie n°3 en la mineur « Ecossaise » op. 56. Vadim Repin, violon. Orchestre National de France, direction : Kurt Masur.

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La Simple Symphonie de Britten enchaîne quatre brefs mouvements confiés aux seules cordes. Principale particularité de cette partition : la précocité de sa thématique, ses principaux motifs remontant à l'enfance du compositeur qui, s'il faut l'en croire, les aurait notés alors même qu'il n'avait pas atteint l'âge de douze ans ! En dépit d'un léger sursaut dans le deuxième mouvement, plus vivant que les autres, plus enjoué – Playful Pizzicato a noté Britten (« Pizzicato joyeux ») ! – l'ensemble a paru bien terne, l'orchestre témoignant en l'occurrence d'une inquiétante lassitude. Pourquoi ce manque de légèreté, d'allégresse, ou tout simplement de plaisir musical ? Pourquoi cette évidente absence de cohérence, particulièrement sensible dans les introductions et dans les développements ? Le public n'en saura rien, qui aura tout de même applaudi, bon prince, à la fin de cette austère restitution d'une œuvre aux ambitions modestes, mais dont la fraîcheur parfois puérile n'est pas sans charme quand les musiciens acceptent de jouer le jeu et ne se réfugient pas dans ces attitudes blasées qui dénoncent surtout la fâcheuse volonté de ne point sortir d'une confortable routine.

Passant de Britten à Beethoven, il était loisible d'espérer, de la part des interprètes, un sursaut de qualité en liaison directe avec l'écart historique séparant les deux compositeurs. Las, dès l'introduction, la funèbre lenteur du tempo laissait mal augurer de la suite ; évacuée toute la formidable tension qui anime les grands principes du développement beethovénien, absente la loi des contrastes dynamiques qui justifie presque toutes les mutations agogiques du grand sourd, anémique l'énergie déployée pour restituer les tumultes volcaniques d'un discours musical ayant transformé l'histoire de la sensibilité auditive ! Transformer cette fresque vitale qui n'échappe au chaos que par l'exercice d'une volonté formelle surhumaine en sinistre chemin de croix, voilà qui relève du tour de force et il faut saluer en l'affaire la performance de son auteur. Mais, précisément, qui est-il, cet auteur ? L'orchestre lui-même, son chef, le soliste ? Rien ne permet d'incriminer un Repin, qui a fait la preuve, sur toutes les scènes du monde, de son exceptionnelle intelligence beethovénienne. D'ailleurs, il planait très haut au-dessus de la phalange chargée de concertare avec lui, si haut que toute fusion dramatique en devenait impossible, que la progression des nuances ne pouvait plus se résumer qu'à une caricature d'élan dramatique.

Certains mauvais esprits relevaient même, à l'entracte, que l'orchestre n'avait jamais été aussi inspiré qu'au moment de la cadence du soliste, admirable de sensibilité, de justesse et d'inspiration ! Si le second mouvement, d'une calme beauté, n'était discutable que pour la surprenante froideur du chef, le finale aurait pu tourner au désastre, du fait des décalages de plus en plus nettement perceptibles entre l'orchestre et le grand violoniste russe, si ce dernier n'avait gardé intacts, jusqu'à la double barre de mesure terminale, une inspiration et un souffle manquant cruellement à ceux-là mêmes qui auraient dû l'accompagner sur ce sommet de la musique concertante.

En bis, Repin donnait un mouvement de la Sonate n°3 d'Ysaÿe, parfaite techniquement, mais d'un intérêt musical tout relatif !

Pour l'Écossaise, l'orchestre se montrait moins avare de ses efforts. On avait même par instants le sentiment que les lumières de l'entracte en avaient réveillé tous les pupitres. Les échos d'une certaine grandeur, non privée de solennité, ont enfin soufflé au grand soulagement d'un public qui ne se lasse jamais de toujours entendre les mêmes œuvres dirigées de la même façon par le même , mais qui, à défaut d'exiger un certain renouvellement devenu utopique, exprime le légitime souhait qu'habitude continue de ne pas rimer avec désinvolture.

Crédits photographiques : © DR

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Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 22-VI-2006. Benjamin Britten (1913-1976) : Simple Symphony op. 4. Ludwig Van Beethoven (1770-1827) : Concerto pour violon et orchestre en ré majeur op. 61. Félix Mendelssohn (1809-1947) : Symphonie n°3 en la mineur « Ecossaise » op. 56. Vadim Repin, violon. Orchestre National de France, direction : Kurt Masur.

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