Plus de détails
Robert Schumann (1810-1856) : Etudes symphoniques op. 13. Sergueï Prokofiev (1891-1953) : Roméo et Juliette, suite pour piano op. 75. Alberto Nosè, piano. 1 CD Nascor Ysaÿe Records NS02. Enregistré à l’abbaye de l’Epau en janvier février 2006. Notice (très complète et documentée, français, allemand, anglais, espagnol italien). Durée : 71’20
Nascor Ysaÿe RecordsUne fois encore, l'abbaye de l'Epau, l'Académie Musicale de Villecroze et la collection Nascor d'Ysaÿe Records semblent avoir répondu à leur vocation en donnant une large et belle tribune au jeune pianiste Alberto Nosè qui peut ainsi réaliser son premier enregistrement.
Pour cette première, ils choisissent de frapper fort en sélectionnant deux œuvres pour virtuose. Les Etudes symphoniques de Robert Schumann, peut-être l'une des œuvres les plus accomplie du compositeur allemand, sont pourtant une composition de jeunesse quoique plusieurs fois remaniée. Alberto Nosè choisit de donner l'intégralité des études et des variations. Choix difficile, tant par la technique que par l'unité de l'ensemble. Comment restituer au milieu de toutes ces variations, ces ajouts, ces retraits, ce que souhaitait exactement Schumann ?
Finalement tous ces remaniements expriment peut-être eux-mêmes ce que voulait le compositeur : donner au piano l'occasion de déployer la totalité de ses capacités et de ses registres. Un thème simple sert de prétexte au pianiste, comme s'il ne cessait d'improviser entre musique et poésie. Schumann qui ne peut plus jouer depuis longtemps déjà, utilise sa partition avec une telle fluidité, une telle construction et une telle maîtrise qu'il fait de ces variations non pas quelques ornementations académiques, mais une école de virtuosité que rend admirablement Alberto Nosè.
Ce qui frappe dès les premières mesures c'est la force et la légèreté des deux mains qui s'interpellent tout en s'interpénétrant alors même que leurs partitions sont radicalement différentes. La présence des trémolos de la troisième étude portés par un crescendo saisissant, l'extrême profondeur des graves et leur rare fluidité qui confèrent à la seconde variation équilibre et unité, révèlent un interprète qui fait corps avec son instrument. Le pianiste maîtrise la technique c'est indéniable, mais il sait aussi interpréter. La cinquième variation est un ravissement où le rêve et l'impressionnisme nous introduisent au cœur d'un Schumann compositeur et poète. Mais la force d'Alberto Nosè est pourtant ailleurs. Il fait sonner son piano comme un orchestre auquel il donne vie. Sa main droite transforme les cordes frappées du piano en un véritable tapis de velours sur lequel il fait entrer à pas de félins chacune de ses notes aiguës. Il est dommage qu'il soit moins virtuose avec sa main gauche que l'on ressent plus lourde et moins agile. Ce qui ne lui empêche pas de se montrer véritable maître du staccato dans le Mercutio de Roméo et Juliette de Prokofiev.
D'un tout autre genre, cette réécriture par l'auteur lui-même de son opéra prend vie sous les doigts du jeune Véronais. Lauréat de nombreux concours ces dernières années, Alberto Nosè, en réalisant ici son premier enregistrement, fait incontestablement son entrée dans la cour des grands. Il lui reste à gagner en maturité musicale et si sa main gauche rattrape l'excellence de sa main droite, il sera de ces pianistes dont la virtuosité donne une âme à la partition.
Plus de détails
Robert Schumann (1810-1856) : Etudes symphoniques op. 13. Sergueï Prokofiev (1891-1953) : Roméo et Juliette, suite pour piano op. 75. Alberto Nosè, piano. 1 CD Nascor Ysaÿe Records NS02. Enregistré à l’abbaye de l’Epau en janvier février 2006. Notice (très complète et documentée, français, allemand, anglais, espagnol italien). Durée : 71’20
Nascor Ysaÿe Records