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Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Canons et Fugues (KV 15 à 626). Els van Laethem, Emilie de Voght, Sarah Abrams, Griet de Geyter, sopranos ; Kœn Maas sax soprano, Piet Rebel, sax ténor, Eric Sleichim sax alto, Raf Minten sax baryton et soprano. Direction artistique et arrangements : Eric Sleichim et Bart Bouckaert (aka Blindman). 1 CD Universal Réf. : BIEM/SABAM 4763135. Enregistré à la salle du Concertgebouw de Bruges en 2005. DDD. Quelques commentaires publicitaires en anglais. Texte des œuvres en italien. Durée : 63’36”.

 
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«Je n’aime pas les enfants. Mais ce que je déteste par-dessus tout, ce sont les dessins d’enfants» écrit Dali dans son Journal d’un génie. Mozart lui-même n’aimait pas Salzbourg, ni ses habitants, ni le prince-archevêque Colloredo. On retrouve pareille détestation chez un compatriote plus tardif, Thomas Bernhardt. La ligne de la détestation peut sembler bien étrange, concernant des œuvres éditées en pleine célébration du génie viennois, accommodées depuis longtemps aux musiques d’ascenseur, sonneries de téléphone portable, boîtes de chocolats écœurants et autres liqueurs improbables et thérapies de charlatans aux pouvoirs putativement anti-dépressifs, de vétérinaires soucieux du rendement des vaches frisonnes, toutes dérives appelées couramment produits dérivés de nos jours. De quoi augmenter notre énervement, de partir sur une île, d’y découvrir une grotte et d’y réécouter l’Art de la fugue en boucle toute l’année, ou Amériques de Varèse, remèdes possibles : contre l’enfance, le primitif (flamand de préférence).

«Je vous le dis devant Dieu, en honnête homme, votre fils est le plus grand compositeur que je connaisse, en personne ou de nom, il a du goût, et en outre la plus grande science de la composition.» ( Joseph Haydn à Léopold Mozart).

Or c’est justement d’une ancienne possession espagnole, aujourd’hui improprement baptisée Belgique, que nous vient cet ovni savamment «désignée», au titre trompeur et – comme le sont toutes les apparences – révélateur en même temps : Mozart Machine. Un emballage, donc, déjà on n’est pas loin du produit dérivé, de la dérive, c’est à voir. Il s’agit des canons et fugues (figures d’enfance, mais aussi études et ré-études qui s’échelonneront jusqu’au Keuchel 626) instrumentés à la manière de l’Art de la fugue – c’est-à-dire librement – pour un très impeccable et rodé double quatuor : Les quatre saxophones de Blindman (genre pseudo de DJ invisible, et inconnus au bataillons dans nos travées jusqu’à présent, peuplés d’Urban Sax et autres duo Delangle aux démarches radicalement différentes) et les quatre «crystal clear female voices»ci-dessus précitées.

Concept car pour mélomane extraverti en quelque sorte. Pour quelqu’un qui ne goûte pas immodérément au style galant et classique qui a fait la fortune du malheureux natif de Salzbourg (la cité du sel), ce peut être séduisant. On a connu d’autres tentatives de directeurs artistiques géniaux et un peu fous qui ont tenté de vendre du Palestrina au rayon mystère : un Christ tête en bas ornait le look furieusement tendance de quelques Kyrie eleison, Sanctus et Credo piquées chez le maître de la cour de Rome et arrangés par Ivan Lantos pour le “ mystère des voix vulgaires ” à savoir quatre sopranos pourtant émérites du Bulgarka JR 3+1( ? ?) et éditées par Celluloïd il y a plus de dix ans. Voilà un parallèle intéressant : Refourguer du archi-classique en tête de gondole rayon ambiant, pour amuser son monde et «croiser les publics». Cela donne malheureusement ici une version un peu scolaire de devoirs… scolaires.

Bien sûr on peut croire le commentateur lorsqu’il nous explique que Mozart prend naissance ici dans le style un peu ancien de son illustre prédécesseur en matière de canons et de fugues, et que voilà bien là la source jaillissante d’un génie naissant s’appropriant l’esprit contrapuntique de Bach et prédécesseurs pour l’intégrer à une œuvre zénithale. Seulement la simple comparaison avec la version honnête et donc un tantinet plus mozartienne du CD (numéro 8. 1) d’une fameuse ré-édition tout en un à 99 euros nous laisse entrevoir l’artificialité un peu maniérée de cette apparente simplicité machinique : une sécheresse de projet et d’intention à dix-mille lieues de la verve mozartienne, un procédé plus qu’un process, et de l’émerveillement devant son presque ancêtre et néanmoins maître en canon : le Cantor lui-même. Une retenue qui frise l’indifférence, très adaptée à des œuvres de jeunesse de Philip Glass mais ici un peu hors sujet, sur des œuvres il faut le reconnaître aussi elles-mêmes hors sujet. Tout cela ne fait rien pour faire redécouvrir Mozart sous un autre angle, une double-distanciation ayant pour résultat un éloignement définitif. Un objet de curiosité, donc, une carcasse au fil re texturée façon Final Fantasy. S’ensuit une litanie finalement un peu fastidieuse de devoirs d’harmonie et de contrepoint, qui n’égalent pas celles de son incommensurable maître et qui ne font rien non plus ressentir de la folie juvénile et fantaisiste de notre cher Theophilus (l’aimé des dieux, comme on l’appelle aujourd’hui, mais ici Deus es machina). Bref, du mastering on ne fait pas nécessairement un nouveau maître. Intéressant tout de même. Come Bach forever, en quelque sorte.

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Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Canons et Fugues (KV 15 à 626). Els van Laethem, Emilie de Voght, Sarah Abrams, Griet de Geyter, sopranos ; Kœn Maas sax soprano, Piet Rebel, sax ténor, Eric Sleichim sax alto, Raf Minten sax baryton et soprano. Direction artistique et arrangements : Eric Sleichim et Bart Bouckaert (aka Blindman). 1 CD Universal Réf. : BIEM/SABAM 4763135. Enregistré à la salle du Concertgebouw de Bruges en 2005. DDD. Quelques commentaires publicitaires en anglais. Texte des œuvres en italien. Durée : 63’36”.

 
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