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Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Sérénades en ré majeur K239, « Serenata notturna » et Sérénade en sol majeur K525 « une Petite Musique de nuit » ; Nocturne en ré majeur K286 ; une Plaisanterie musicale K522. Le Concert des nations, direction : Jordi Savall. 1 SACD hybride Alia Vox AVSA9840. Enregistré du 5 au 8 septembre 2005. DSD. Notice en français, anglais, espagnol, catalan, allemand, italien. Durée : 72’10’’

 
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Le marché du disque paraît parfois en panne d'imagination : il n'y a guère, paraissait chez Harmonia Mundi un disque très remarqué d'Andrew Manze dirigeant The English Concert dans un programme quasiment similaire, avec exactement la même illustration de couverture. Evidemment, on n'oserait prétendre que le monde musical attendait avec impatience une nouvelle version de la Petite Musique de nuit, mais rien de ce que fait ne saurait être tout à fait indifférent.

On pourrait dire, pour résumer l'impression générale en une formule, qu'autant Manze proposait un «Mozart des villes», utilisant les timbres des instruments anciens pour raffiner un discours galant, autant Savall fait entendre le «Mozart des champs», solide gaillard à l'humour terrien. L'option ne réussit pas vraiment à la Petite Musique de nuit, qui souffre de tempos assez vifs mais pas très bien tenus. L'ensemble manque de précision et, dans le Rondo final, les musiciens semblent par moments se courir après, d'où des entrées et des fins de phrases peu nettes. La Serenata notturna n'a pas de défaut de mise en place et la direction roborative du chef, avec une scansion martiale des timbales, accentue un petit côté musique de plein air assez plaisant, contredit par une prise de son d'église très réverbérée. Version sympathique, un peu «premier degré» et très verticale sans doute, d'autant que le violon solo de Manfredo Kraemer n'est pas le plus ravissant ou le plus souple qui soit.

La Plaisanterie musicale est bâtie sur une ironie musicale qui échappe un peu à l'auditeur moderne : les défauts d'harmonie et d'écriture que Mozart s'est amusé à disperser dans sa partition ne sont rien à côté de ce que l'on peut entendre aujourd'hui. Savall semble vouloir rendre le sous-titre apocryphe sous lequel la partition avait autrefois paru, Sextuor des musiciens du village, avec une allure campagnarde très bien venue. À défaut de percevoir les allusions que le compositeur a voulu y placer, et qui ne nous sont plus guère accessibles, on sent en tout cas l'amusement des musiciens à en rajouter dans la rusticité. Le Nocturne K286, une pièce mineure, voit également son écriture assez simple et ses effets d'écho schématiques très bien servie dans cette optique.

Disque non essentiel, mais plaisant, d'œuvres relativement secondaires bien interprétées. Gageons que l'année Mozart n'a pas fini de nous en livrer d'autres. On peut se laisser tenter et prendre un plaisir certain à cet enregistrement, un plaisir plutôt volatil qui ne résistera sans doute pas à une écoute répétée. Les fans du chef seront ravis, les mozartiens impénitents peut-être un peu moins ; ils trouveront des nourritures plus substantielles ailleurs, chez Manze ou Harnoncourt sur instruments anciens, Böhm, Vegh ou Walter versant «traditionnel».

Un mot, enfin, du livret. La maquette en est jolie, mais le texte de présentation des œuvres par Marc Vignal est émaillé d'une dizaine de fautes de frappes ou de ponctuation qu'une relecture aurait aisément éliminées, et le texte de H. C. Robbins Landon sur Vienne, extrait de son livre 1791, la dernière année de Mozart (Lattès), donne les paragraphes dans le désordre, avec des coupes non mentionnées, et dans une traduction bien maladroite : on apprend ainsi qu'à l'époque, la «quantité de mortalité infantile» était élevée !! Mieux aurait valu garder la traduction originale de Denis Collins. Un effort éditorial s'impose.

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Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Sérénades en ré majeur K239, « Serenata notturna » et Sérénade en sol majeur K525 « une Petite Musique de nuit » ; Nocturne en ré majeur K286 ; une Plaisanterie musicale K522. Le Concert des nations, direction : Jordi Savall. 1 SACD hybride Alia Vox AVSA9840. Enregistré du 5 au 8 septembre 2005. DSD. Notice en français, anglais, espagnol, catalan, allemand, italien. Durée : 72’10’’

 
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