La Grande Duchesse de Gérolstein par Laurent Pelly et Marc Minkowski

Depuis l'extraordinaire Belle Hélène au Théâtre du Châtelet en automne 2000, l'on attendait avec impatience que l'équipe Laurent Pelly – Marc Minkowski – Felicity Lott affronte de nouveau une œuvre de Jacques Offenbach. Ce fut le cas en décembre 2004, toujours au Châtelet à Paris, avec La Grande-Duchesse de Gérolstein. Depuis peu, cette production est disponible en CD et en DVD.

Ayant le choix entre les deux, l'on opte clairement pour le DVD. C'est un spectacle qu'il faut voir. Tout au début, on s'étonne que l'intrigue soit transposée aux temps de la Grande Guerre. Mais si l'historien regrette que l'on perde ainsi le formidable portrait satirique d'un petit Etat allemand d'avant 1871, l'admirateur d'Offenbach ne peut que tomber sous le charme d'un spectacle entièrement dans l'esprit du compositeur. Cette mise en scène – par ailleurs très bien adaptée au petit écran – est professionnelle d'un bout à l'autre, elle est pleine d'idées et elle est vraiment très drôle. Et, contrairement à ce qui se passe trop souvent en pays germaniques, Laurent Pelly et son équipe n'ont pas prétendu être plus offenbachiens que Offenbach en faisant en quelque sorte une caricature de la caricature. Ils se sont, en revanche, fiés à la partition de sorte que chaque geste et chaque mouvement, des solistes comme du chœur, est en phase avec la musique. C'est un régal !

L'interprétation musicale est aussi grandiose. C'est d'abord le mérite de la direction alerte de Marc Minkowski qui a aucun mal à entraîner ses superbes Musiciens du Louvre et qui, cette fois, ne confond pas verve et précipitation. Et quelle distribution ! Citons en première la Grande-Duchesse de Felicity Lott – au français impeccable – qui se déchaîne complètement sur scène sans jamais perdre le contrôle de sa précieuse voix dans un rôle un peu grave pour elle. Citons ensuite Yann Beuron, Fritz idéal, au timbre séducteur et à l'aigu désormais facile et lumineux, ainsi que le Général Boum plus vrai que nature de François Le Roux qui, grâce à sa diction parfaite et à ses dons d'acteurs fait oublier l'usure de l'instrument. Mais n'oublions pas non plus ni la Wanda de luxe de Sandrine Piau, ni le Prince Paul irrésistible et en bonne voix de Eric Huchet ni les petits rôles, tous distribués à merveille. Vous l'aurez compris : ce DVD est un must !