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Le saxophone intérieur de Radek Knop

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Perpignan. Auditorium du Conservatoire National de Région. 10-IV-2006. Charles Kœchlin (1867-1950) : Pièces n° 3, 7 et 15 op. 180. Paul Hindemith (1895-1963) : Sonate pour saxophone et piano ; Méditations. Florent Schmitt (1870-1958) : Songe de Coppélius. Marcel Mihalovici (1898-1985) : Chant premier. Robert Schumann (1810-1856) : Adagio et Allegro op. 70. Radek Knop, saxophone ténor ; François-Michel Rignol, piano.

Pour « l'Heure musicale » du Lundi, offerte chaque semaine à l'auditorium du Conservatoire par les concerts Campler au public perpignanais, – saxophone ténor – et – piano – ( deux professeurs émérites dans la maison), se produisaient en duo dans un programme qui avait le don de faire « chanter » leurs instruments et en particulier le saxophone ténor que l'on a guère l'occasion d'apprécier en récital en dehors des formations de jazz. Le programme était très soigneusement agencé par pour nous dévoiler toutes les facettes de son jeu à travers quelques œuvres clef du répertoire rythmées par l'écho pastoral des trois Pièces de Kœchlin (initialement écrites pour le cor). L'élégance et le raffinement de ses lignes mélodiques auréolées des sonorités de piano faisaient sonner le saxophone comme un vent de plein air invoquant, par la ductilité de son jeu, le passage de l'ombre à la lumière. La Sonate d'Hindemith en quatre mouvements (d'abord écrite pour l'alto) mettait en valeur le jeu complice des deux interprètes où témoignait de ses qualités de chambriste au côté d'un piano dont l'écriture exigeante et virtuose était assumée par avec un élan et une assise rythmique étonnants.

La Méditation qui suivait immédiatement soulignait d'autant mieux le caractère intimiste et profond du timbre du « Ténor » lorsque Radek Knop recherche, par une émission toute intérieure, une sorte de qualité feutrée. Répudiant tout vibrato pour évoquer le grain chaleureux d'un violoncelle ou la couleur plaintive du basson il rappelle à l'évidence l'appartenance du saxophone à la famille des bois. Le songe de Coppélius de est à l'origine une vocalise dont le saxophone épouse les volutes avec souplesse évoquant cette fois le timbre chaleureux de la clarinette dans une ambiance modale très debussyste… dont le piano détaille avec élégance les fins agencements de texture.

Précédé d'un court poème comme l'était également le quatrième mouvement de la Sonate d'Hindemith, Chant premier de Marcel Mihalovici – compositeur français d'origine roumaine – était la seule pièce du programme écrite spécifiquement pour le saxophone dont elle met en valeur l'élan volubile et l'éclat cuivré de ses résonances. Cet hymne « au vieil océan », invitation au voyage et au rêve, traverse différents paysages agités parfois de bourrasques éruptives et nourries de fulgurances soutenues par les rythmes obstinés du piano. Une révélation

Le concert se terminait par une pièce du répertoire romantique, Adagio et Allegro que Schumann écrit dans les dernières années de sa vie sans en fixer véritablement l'interprète soliste : pour cor, indique-t-il, ou alto, violon, cello…et piano. C'est le « saxophone intérieur » de Radek Knop, avec une sonorité chaude et à fleur de souffle, qui nous communiquait ce soir la poésie intense qui émane de la fragilité des lignes redites en écho par le piano dans l'Adagio initial. « Le poète parle » et c'est Eusebius, avec cette tendresse infinie et presque souffrante qui s'exprime avant que Florestan ne fasse une entrée bondissante dans l'Allegro sur les notes répétées du saxophone ; en alternance avec le refrain, d'admirables canons se trament entre les deux instrumentistes dont la merveilleuse connivence conférait ce soir au discours une fluidité et une ardeur très communicatives.

Ce même programme fera prochainement l'objet d'un enregistrement CD.

Crédit photographique : © Motus

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Perpignan. Auditorium du Conservatoire National de Région. 10-IV-2006. Charles Kœchlin (1867-1950) : Pièces n° 3, 7 et 15 op. 180. Paul Hindemith (1895-1963) : Sonate pour saxophone et piano ; Méditations. Florent Schmitt (1870-1958) : Songe de Coppélius. Marcel Mihalovici (1898-1985) : Chant premier. Robert Schumann (1810-1856) : Adagio et Allegro op. 70. Radek Knop, saxophone ténor ; François-Michel Rignol, piano.

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