Plus de détails
Bruxelles. Palais des Beaux-Arts. 23-III-2006. Steve Reich (né en 1936) : Sextet, Different Trains, Variations for Vibes, Pianos and Percussions. Akram Khan Company (Akram Khan, Gregory Maqoma, Young Jin Kim) ; London sinfonietta, direction : Brad Lubman.
Ars Musica volume IV
Après la cruelle désillusion du portait consacré à Helmut Lachenmann (lire ici la critique de ce concert), on espérait beaucoup de la soirée Steve Reich tout en craignant le pire pour un créateur lui aussi en perte de vitesse et dont les dernières œuvres à l'image de Three Tales s'enlisaient dans un style uniforme et un discours pompeux. Ce programme était d'autant plus exceptionnel qu'il proposait en première belge, la nouvelle pièce du maître du minimalisme sur une chorégraphie d'Akram Khan, la coqueluche des scènes de danse internationales. Commande de l'association européenne des salles de concerts (ECHO) qui regroupe la crème des institutions musicales internationales, ce projet multidisciplinaire créé à Cologne quelques jours auparavant tourne en ce moment à travers le vieux continent. Dans un palais des Beaux-Arts plein à craquer et rajeuni à souhait, la première partie était dédiée à deux « tubes » du compositeur américain : Sextet pour percussion et clavier puis Different trains pour quatuor et bandes magnétiques. En dépit de leur place dans la création contemporaine, ces deux partitions sont assez peu jouées en concert et pour l'auditeur le passage du disque à la prestation est un véritable choc sensitif et sonore. La prestation des différents instrumentistes issus du London Sinfonietta est magnifique de style et d'engagement.
Dans une intéressante interview proposée dans le programme de la soirée, Steve Reich explique que si sa musique fascine les chorégraphes c'est à cause de l'importance qu'elle accorde au rythme. En effet, cette musique dynamique, pulsionnelle, intense, est créée pour être dansée. Ecrite pour quatre vibraphones, deux pianos et trois quatuors à cordes, nomenclature déjà utilisée dans The Four Section de 1997, Variations for Vibes, Pianos and Strings se présente classiquement en trois mouvements vif-lent-vif Cette partition argentée, limpide et minérale est un retour aux premières techniques de composition de l'auteur : « substitution de sons à des silences en remplissant les pauses de matériaux mélodiques ». Le résultat est fascinant et il renoue avec les meilleurs succès du compositeur. L'humour est également présent car l'œuvre débute par un monologue d'un des danseurs de la compagnie d'Akram Khan qui nous explique le rapport entre la danse et la musique. La chorégraphie simple, virtuose et efficace est une immense réussite magnifiée par la prestation des trois danseurs. Le spectateur ressent même l'impression que musique et danse ne font qu'un : vers le milieu de la pièce, les trois danseurs miment les gestes du chef d'orchestre qui vient ensuite les rejoindre. Un immense succès public vient justement récompenser cette création magistrale. On souhaite le même succès artistique à la prochaine commande pluridisciplinaire d'Echo : I am a mistake qui proposera une chorégraphie du sulfureux et provocateur chorégraphe belge Jan Fabre sur une musique de Wolgang Rihm (création en 2007). On se réjouit également de retrouver au mois de juin, le chorégraphe Akram Khan dans Zero Degree un duo avec Nitin Sawhney de la compagnie C de la B d'Alain Platel.
Crédit photographique : © Alice Arnold
Plus de détails
Bruxelles. Palais des Beaux-Arts. 23-III-2006. Steve Reich (né en 1936) : Sextet, Different Trains, Variations for Vibes, Pianos and Percussions. Akram Khan Company (Akram Khan, Gregory Maqoma, Young Jin Kim) ; London sinfonietta, direction : Brad Lubman.