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Maurice Ravel (1875-1937) : Tzigane, Rhapsodie de concert pour violon et orchestre (Transcription pour violon et orchestre à cordes de David Walter). Ernest Chausson (1855-1899) : Poème pour violon et orchestre opus 25 (Transcription pour violon et orchestre à cordes de David Walter) ; Concert pour piano, violon et quatuor à cordes en ré majeur opus 21 (Version orchestre à cordes). Jean-Philippe Collard, piano. Orchestre Royal de Chambre de Wallonie, Augustin Dumay, violon et direction. 1CD Cascavelle VEL 3082 enregistré du 9 au 13 juillet 2005 à l’église de Saint-Denis, Mons. Notice bilingue. Durée : 66’13’.
CascavelleFrançais et romantique… Longtemps on a cru voir (et beaucoup le pensent encore) dans cette juxtaposition un paradoxe douteux, la confrontation deux contraires inconciliables, une aporie. Ecoutons Chausson, reconsidérons attentivement le Tzigane de Ravel, et bien sourd sera celui qui ne parviendra pas à coller l'étiquette « romantique » à de telles œuvres. Exception faite de Berlioz, le romantisme à la française n'est certes pas celui que peux attendre un thuriféraire de la génération allemande de 1810 (pensons à l'exubérance d'un Liszt, à l'égocentrisme torturé d'un Schumann) : c'est un romantisme quelque peu travesti car il ne perd jamais le souci de l'élégance, d'où son image de classicisme. L'excès semble être prohibé, le collossal est bani. Les orages grondent sans être tonitruants, la flamme de la passion y est brûlante sans être vive.
Entre les versions orchestrales et le simple accompagnement pianistique du Tzigane et du Poème, l'enregistrement propose une alternative inédite, à savoir une transcription pour orchestre à cordes de ces deux œuvres. En quoi réside l'intérêt d'une transcription? Laissons le livret (au demeurant riche en informations) nous éclairerpar les propos du transcripteur David Walter : « Le Poème d'Ernest Chausson est un des chefs-d'œuvre les plus aboutis de toute l'histoire de la musique (…) La seule réserve, s'il m'est permis d'en exprimer une, concerne l'orchestration, parfois trop lourde pour l'équilibre entre la partie soliste et son accompagnement (…) Pour Tzigane, (…) il ne saurait être question de reprocher quoique ce soit à l'orchestration d'origine. Mais là encore, voici une œuvre qui se joue à la fois en duo et accompagné par l'orchestre. Je n'ai donc cherché qu'une proposition intermédiaire, pour la seule joie de l'entendre plus souvent. » … Dans leur version orchestrale, sommes-nous en droit d'ajouter. En somme, l'amour de la partition et le témoignage d'une profonde reconnaissance animent le transcripteur, qui parfois est soucieux de perfectionner un aspect de l'écriture. Ici les transcriptions de David Walter sont plus proches d'une simple adaptation, elles se contentent (à raison et fort habilement) de réduire l'effectif original. Sans être plus convaincant dans sa version orchestrale (dont le livret ne spécifie malheureusement pas qui est l'auteur, sans doute l'orchestre joue-t-il la partie de quatuor en démultipliant l'effectif), le Concert pour piano, violon et quatuor à cordes acquiert quant à lui une densité sonore hédoniste.
Dans des œuvres au répertoire de tous les violonistes, Dumay se démarque par un phrasé, un sens du rubato, des respirations qui lui sont propres. Maîtrisant sa baguette tout autant que son archet, il tire de son ensemble de chambre une diversité de plans sonores qui parvient à faire oublier que la transcription ampute nécessairement la partition originale du pupitre des vents. Le discours de l'orchestre s'inscrit dans le prolongement de la main droitedu soliste : baguette et archet ne font plus qu'un. Le travail de David Walter ne peut alors que faire l'unanimité.
La réputation de chambriste de Jean-Philippe Collard n'étant plus à démontrer, on ne fera que confirmer ce qu'on savait de lui, qu'il est un musicien à l'écoute de ses partenaires, les soutenant sans jamais les écraser, expressif et discret.
Voilà un enregistrement honorable, ne serait-ce parce qu'il relève la gageure de renouveler notre connaissance d'œuvres qui nous sont familières, subtil équilibre entre inédit et rabâché.
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Maurice Ravel (1875-1937) : Tzigane, Rhapsodie de concert pour violon et orchestre (Transcription pour violon et orchestre à cordes de David Walter). Ernest Chausson (1855-1899) : Poème pour violon et orchestre opus 25 (Transcription pour violon et orchestre à cordes de David Walter) ; Concert pour piano, violon et quatuor à cordes en ré majeur opus 21 (Version orchestre à cordes). Jean-Philippe Collard, piano. Orchestre Royal de Chambre de Wallonie, Augustin Dumay, violon et direction. 1CD Cascavelle VEL 3082 enregistré du 9 au 13 juillet 2005 à l’église de Saint-Denis, Mons. Notice bilingue. Durée : 66’13’.
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