Goran Krivokapić : Récital de guitare

Tous les nouveaux primés de la prestigieuse Guitar Foundation of America Competition obtiennent, entre autre, la possibilité d'enregistrer un disque chez Naxos dans la collection Laureate Series. Lorsque l'on connait les difficultés que rencontre un jeune talent, même détenteur de prix dans des compétitions internationales, pour se faire connaître et lancer sa carrière, on prend conscience de l'importance que représente l'opportunité d'enregistrer pour une grande maison de disque telle que Naxos. Ces enregistrements deviennent de véritables cartes de visite qui ont permis à certains guitaristes tels qu'Ana Vidovic, Antonigoni Goni, Elena Papandrou ou en encore Fabio Zanon, de devenir des familiers auprès d'un public d'amateurs. Goran Krivokapic fut le vainqueur de l'édition 2004 avec un programme que l'on retrouve en grande partie dans cette nouveauté Naxos.

La sonate op. 17 de Werthmüller fut initialement écrite pour piano. Sa version pour guitare date du XIXème siècle grâce au guitariste-compositeur australien Franz Pfeifer. De conception classique avec ses trois mouvements, elle débute par un Allegro très brillant, caractéristique des œuvres de l'époque, mettant d'emblée l'auditeur en situation d'écoute. Le Lento qui suit annonce le romantisme alors que le Rondo Vivace clos cette sonate avec un esprit relevant presque de Fernando Sor. Goran Krivokapic montre un jeu clair et fluide très appréciable dans une pièce de cette période, entendez par là que la virtuosité n'est pas mise en évidence comme c'est malheureusement trop souvent le cas.

Les sonates et partitas de Bach ont souvent fait l'objet de transcriptions de la part des guitaristes qui les ont intégrées à leur répertoire de façon si naturelle qu'elles paraissent avoir été écrites pour guitare. La transcription de Goran Krivokapic de la sonate n°3 BWV 1005 montre qu'il a intégré toutes les subtilités d'écriture de l'époque baroque. Aucune surcharge, une ornementation sobre et un tempo adapté à chaque mouvement excepté l'Allegro assai qui nous parait un peu rapide.

Comme Bach, Domenico Scarlatti est un ami fidèle des guitaristes. Et l'on retrouve dans le jeu de Goran Krivokapic les qualités que nous avions pu apprécier dans le Bach, même si la Sonate K. 208 nous semble un peu lente et est interprétée dans un esprit quasi-romantique ce qui la rend presque un peu longue.

Les pièces du guitariste serbe Dušan Bogdanovic sont heureusement de plus en plus présentes dans les programmes des guitaristes, tant elles enrichissent de manière appréciable le répertoire contemporain. Ses origines alliées à ses premières amours musicales pour le rock, le jazz, la pop et la musique sud-américaine l'amènent à une écriture très intéressante essentiellement sur la structure rythmique un tant soit peu décalée particulièrement représentée dans le dernier mouvement de cette Sonate n°2.

Goran Krivokapic nous offre un beau disque tant sur le répertoire, qui lui permet de montrer un large éventail de son talent sans tomber dans la facilité d'un choix convenu, que dans son jeu clair et limpide. Si ce n'est peut-être une très légère froideur qui rend certaines pièces un peu sèches, cet enregistrement mérite toute notre attention.