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Ifs. Espace Jean Vilar. 28-I-2005. 1ère partie : Zaragraf : Mira Mrak, chant, violon, tambour ; Emmanuel Waffler, chant, guitares électrique et acoustique, Bruno Manjarres, chant, guitare flamenca, trompettes, tuba ; Pepe Martinez, chant, accordéon, tubas, cajon, bugle, roseau. 2ème partie : Antonio el Pipa et Maria José Franco, danse ; Marta Fernandez de Cordoba, Gloria Perez et Alejandra Gudi, corps de ballet ; Juana la del Pipa, Enrique el Extremaño, Manuel Tañé et Joaquín Flores, chant ; Pascual de Lorca et Juan Moneo, guitares.
VIe Festival Sur les routes des musiques tsiganes
La soirée de clôture de cette 6e édition était à la hauteur du programme proposé durant toute la durée du festival. Exposition photos, contes tsiganes, stage de danse flamenca, conférences, débats et diverses soirées-concert parsèment ces quelques douze jours entièrement consacrés aux mondes des tziganes, manouches et autres roms sous le signe du partage.
Cette soirée débute avec un groupe particulièrement surprenant : Zaragraf. Imaginez une chanteuse yougoslave, un guitariste électrique et folk aux influences blues et rock et deux andalous, un à la guitare avec une forte influence flamenca tant dans la technique que dans le style, et le second, éclectique, qui navigue allègrement avec plusieurs instruments. Le mélange est à la fois tendre et explosif. Mélopées balkaniques, chant en serbo-croate, accents flamencos ou tsiganes, touche rock, Zaragraf c’est un peu tout ça, mélangé au point d’y perdre ses repères, c’est une synthèse originale de traditions, de compositions audacieuses, d’arrangements inattendus et colorés. Impossible de les ranger dans une case tant ils se sont appropriés le dicton : la musique est universelle. Dès le début le public est entraîné et suit le rythme en battant des mains. Rapidement un groupe de jeunes spectateurs s’isolent et se mettent à danser. La voix parfois volontairement nasillarde de Mira semble nous chanter des histoires de notre passé, de celles qui peuplent notre enfance et dont on ne peut se souvenir qu’avec un sourire nostalgique. Et qu’importe si le serbo-croate n’est pas compris du public, le jeu de scène, la musique, l’ambiance suffisent à nous plonger dans un univers fantastique et entraînant aux teintes délicieusement « tzigano-flamenco » à moins que ce ne soit le contraire. Bref, on y perd son latin mais on en redemande. Aussi surprenant que cela puisse être, ce mélange est loin de donner un résultat brouillon et confus. La musique est intelligemment écrite avec un équilibre parfait. La patte du talent. Alors si vous les croisez au milieu de vos programmes de concerts, n’hésitez pas un seul instant car Zaragraf balaie tout sur son passage et vous coupe de votre monde. A noter trois albums à leur actif chez Melodia (dist. « L’autre Distribution »).
Après un tel voyage, il fallut le traditionnel entracte prolongé où l’association France-Espagne proposait tapas et autres spécialités espagnoles pour nous préparer ainsi au nouveau spectacle d’Antonio el Pipa, grand Maître du baile. Vivencias est un hommage éloquent à la grand-mère, Tía Juana la del Pipa, matriarche du baile « qui a dû continuer à avancer sans son mari, sans le patriarche. C’est grâce à elle que mes parents ont pu s’unir, grâce à elle que je peux être ici pour danser ses Vivencias » (Antonio el Pipa). C’est cette histoire que nous raconte ce spectacle avec la tante, Juana la del Pipa, à l’impressionnante voix rocailleuse qui ne laisse aucun doute sur ses origines, dans le rôle de la grand-mère dont la photo ne quittera pas l’arrière-scène. Un chant a palo seco pour commencer, puis la fête démarre avec une succession por bulerias enlevée comme il se doit dans une ambiance de cafe cantante. Toute la troupe est réunie dans l’attente d’Antonio el Pipa. Vint ensuite un tiento y tango lent avant l’entrée du maître sur une alegria. Démarrage en douceur et en retenu avant d’entrer dans le vif du sujet.
Durant près de deux heures Antonio el Pipa et sa partenaire Maria José Franco vont nous offrir, dans une parfaite symbiose, un enchaînement impressionnant de technique et de grâce sur des bulerias, soleas, siguiriya… Les interjections fusent dans la salle et c’est seulement après quelques pas, seul et isolé sur la scène qu’Antonio el Pipa pu quitter un public conquis.
Nous retiendrons la technique de bras et de main du balaor avec cette impression que ces bras n’en finissent pas de s’étirer, que ces mains paraissent immenses et d’une souplesse surprenante. L’accompagnement tant au chant, à la danse et à la guitare est à la hauteur de ce spectacle. Du très grand art qui fait oublier le côté quelque peu caricatural car un peu excessif de la mise en scène. Notons qu’Antonio el Pipa et toute sa troupe seront présents au Théâtre de Chaillot à Paris le 13 mai prochain. Avis aux aficionados.
Crédit photographique : © Laurent Duroselle
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Ifs. Espace Jean Vilar. 28-I-2005. 1ère partie : Zaragraf : Mira Mrak, chant, violon, tambour ; Emmanuel Waffler, chant, guitares électrique et acoustique, Bruno Manjarres, chant, guitare flamenca, trompettes, tuba ; Pepe Martinez, chant, accordéon, tubas, cajon, bugle, roseau. 2ème partie : Antonio el Pipa et Maria José Franco, danse ; Marta Fernandez de Cordoba, Gloria Perez et Alejandra Gudi, corps de ballet ; Juana la del Pipa, Enrique el Extremaño, Manuel Tañé et Joaquín Flores, chant ; Pascual de Lorca et Juan Moneo, guitares.