Trio Joubran

Mezzo diffusait au mois de décembre dernier Samir et ses frères, un reportage de 56 minutes sur une famille palestinienne de musiciens. Réalisé par Raed Antoni, ce documentaire nous dévoilait le quotidien des frères Joubran, tous trois joueur de oud. Installés en Palestine près de leur père luthier, les trois garçons répètent inlassablement pour donner à leurs phrases musicales toute l’empreinte des siècles passés. La poésie du jeu est indispensable à la mise en valeur de cet art musical arabe ancestral.

Samir Joubran est le plus expérimenté, à trente-deux ans il a déjà près de trente ans de pratique et est reconnu internationalement. Il rentre au conservatoire de Nazareth à 9 ans et poursuit ses cours au Conservatoire Mohamed Abdel Wahab du Caire jusqu’en 1995. Alors ses frères l’écoutent et le suivent dans les mélodies qu’il invente ou réinvente continuellement « Il n’y a pas de musique sans passion, pas d’émotion dans la mélodie quand le cœur ne porte pas en lui le chagrin des sens ». L’apprentissage est long, la transmission du savoir, de la technique mais aussi de la philosophie de cet Art du oud ne se fait que par l’oral et la pratique, toujours la pratique. Alors les trois frères n’arrêtent jamais de jouer et de s’enrichir mutuellement, pas une journée sans travailler les derniers phrasés, la manière de dire, de déclamer ou pleurer …

Le disque que nous présentons a été édité en avril 2005, il ne fait donc plus partie de l’actualité récente. Nous avons quand même voulu lui offrir une place parmi les événements majeurs venant enrichir le creuset des grandes réussites de la musique du Monde. La musique du Trio Joubran s’adresse à tout le monde, pas seulement aux spécialistes mais surtout à ceux qui voient dans la musique un art universel, aimant et poétique. La très grande technique de ses trois joueurs de oud est entièrement tournée vers l’Art du beau, du profond duquel découle un humanisme sans faille. Même si le petit frère Adnan fait sa première apparition au disque, il a été formé de la plus belle des manières par un surdoué du oud, Samir.

On apprécie le clin d’œil à Recuerdos de l’Alhambra de Francisco Tarrega dans Safar qui est un long voyage de dix-huit minutes dans le monde arabe et … andalou? Le dernier morceau Ahwak enregistré en live à Ramallah est un pur bonheur de chant sur une musique de Mohamed Abdel Wahab et des paroles d’Hussein El Sayed. Un hommage irrésistible au Maître …

Rendez-vous est pris avec cette formation pour suivre leur actualité. En attendant, si vous passez chez un disquaire, a priori Harmonia Mundi, demandez à entendre ce disque et achetez-le si vous êtes aussi convaincus que nous.

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