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Arcangelo Corelli Seconda parte de l’Opus 5 : A la flûte… !

Quand on songe à l'œuvre d', l'un des maîtres de la sonate préclassique et du concerto grosso, nous vient le plus souvent et spontanément en tête le fameux Concerto per la Notte di Natale, n° 8 des douze concerti grossi composant son opus 6. La Follia, cette célèbre sarabande qui développe une suite de quelque seize variations, est à l'opus V ce que le Concerto per la Notte di Natale est à l'opus 6 : la pièce la plus célèbre et la plus populaire. Cet opus 5, dont la première édition date du 1er janvier 1700 ( !), comporte lui aussi une douzaine de pièces, pour moitié Sonate da Chiesa (sonates d'église) et pour l'autre Sonate da Camera (profanes), toutes initialement conçues pour violon et continuo, ces dernières (sonates 7 à 12) faisant l'objet du présent enregistrement ; avec toutefois cette particularité que le violon, instrument de prédilection du compositeur, est ici remplacé par la flûte à bec.

Une transcription pour flûte à bec existait dès 1702, à l'initiative de l'anglais John Walsh ; mais Jean-Pierre Nicolas, notre soliste, explique cependant que, tout en se référant à cette transcription, il s'efforce de suivre au plus près la partition originale pour violon, en utilisant deux flûtes différentes, l'une alto en Fa, l'autre (en particulier pour les sonates IX et X), « de voix » en Ré ; une flûte souvent utilisée aujourd'hui pour jouer à la hauteur réelle des pièces écrites pour le traverso et qui apporte plus de rondeur et de chaleur de timbre.

Le résultat est tout à fait probant ; les Fitzwilliam opérant ici sur l'un de leurs terrains favoris, tant en concerts qu'au disque (cf. Falconieri et Frescobaldi), celui de la musique italienne préclassique.

Les partenaires de J. P. Nicolas, Michèle Dévérité à l'orgue et au clavecin, au violoncelle, basse ou ténor de violon (accordé en cello piccolo), Yasunori Imamura, au théorbe et à la guitare classique (gavotte de la sonate X et Follia), ces musiciens-là constituent un continuo de grande classe pour le soliste. Un soliste à qui l'on saura gré d'employer ses exceptionnelles capacités de virtuosité au service de la plus exquise musicalité, sans jamais céder à la tentation de l'étalage démonstratif. La seule limite à la perfection résidant ici dans la nature même de l'instrument, lequel, comme chacun sait, ne passe pas pour un parangon d'absolue justesse, notamment sur les notes longues et dans certains tempi lents. Cela dit, les fluctuations sont infimes, et il faut entendre les Fitzwilliam dans ce tempo di gavotta de la sonate IX, par exemple, et d'une façon générale, dans tous les mouvements réputés dansants : gavottes, gigues et autres vivace de ces sonates pour être convaincu de l'opportunité (et de la réussite) de cette version. Il y a là une légèreté, un allant, une invite irrésistibles !

Pour l'anecdote, cette petite particularité de la partition : quand le continuo (violoncelle et théorbe) joue le bref thème de basse obstinée, chromatique descendant, de l'Adagio dans la sonate IX, on s'attend presque à entendre le fameux air de Didon de Purcell….

Quant aux variations de La Follia, pour lesquelles nous saluerons aussi, au passage, l'ibérique clin d'œil d', fidèle et talentueuse illustratrice des pochettes Zig-Zag, elles peuvent, dans cette interprétation, prétendre à une alternative de premier choix aux versions (pour cordes) les plus prisées.

Les musiques d'Il Bolognèse – mais cependant Romain dès 1672 – et panthéonisé (!) dans la ville éternelle, ces musiques sans cesse revisitées, n'ont pas fini de nous toucher…

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