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Paris. Auditorium du Musée d’Orsay 20-X-2005. Alexander von Zemlinsky (1872-1942) : Sechs Gesänge op. 13 (extraits – arrangement : Erwin Stern) : Die Mädchen mit den Verbundenen Augen, Und kehrt er einst heim. Arnold Schoenberg (1874-1951) : Symphonie de chambre op. 9 (arrangement : Anton Webern) ; six Lieder op. 8 (extraits) : Natur (arrangement : Hanns Eisler), das Wappenschiild (arrangement : Erwin Stein), Voll jener Süsse (arrangement : Erwin Stein). Anton Webern (1883-1945) : Quintette pour cordes et piano. Gustav Mahler (1860-1911) : Lieder eines fahrendes Gesellen (arrangement : Arnold Schoenberg). Yvonne Naef, mezzo-soprano, Ensemble Intercontemporain, direction Ludovic Morlot.
Vienne Art nouveau
Dans le cadre du cycle « Vienne, fin de siècle » à l'Auditorium du Musée d'Orsay, l'Ensemble Intercontemporain dirigé pour l'occasion par Ludovic Morlot – assistant depuis 2004 du Boston Symphony Orchestra et de James Levine – faisait revivre une des soirées viennoises de la société d'exécutions musicales privées fondée par Arnold Schoenberg en 1918 pour tenter de faire connaître un répertoire trop mal accueilli par le public autrichien dans les lieux institutionnels. Au programme de cette soirée, des œuvres réduites ou transcrites par Schœnberg lui-même ou par Anton Webern, Erwin Stein, Hans Eisler pour les adapter à l'effectif restreint de cette société de concerts.
Aux côtés de Ludovic Morlot, la mezzo-soprano Yvonne Naef débutant le concert avec deux des six Lieder op. 13 d'Alexandre von Zemlinsky puis trois des six Lieder op. 8 de Schœnberg, convainc d'emblée l'auditoire par l'ampleur dramatique de sa voix et l'intensité expressive de son interprétation qui réclamait la brillance et l'épaisseur d'un soutien orchestral absent ce soir. Le souffle lyrique ne semblait pas particulièrement bien circuler parmi les membres de l'Ensemble Intercontemporain, moins familier de ce répertoire, et dont le jeu parut un peu raide aux entournures. On apprécia bien davantage leur investissement et la cohérence de leur interprétation dans la Symphonie de chambre op. 9 de Schœnberg même si la formation réduite du quintette avec piano devait, elle aussi, pâtir de l'acoustique trop sèche de l'Auditorium.
Ils donnent en début de deuxième partie une version exemplaire du quintette avec piano d'Anton Webern écrit en 1907 où le jeune compositeur viennois, freinant déjà les débordements post-romantiques, débute ses recherches sur le timbre en expérimentant des modes de jeu instrumentaux d'une finesse inouïe. Yvonne Naef terminait le concert avec le cycle des Chants d'un Compagnon errant – Lieder eines fahrenden Gesellen – de Mahler dans sa version orchestrale réduite par Arnold Schoenberg. Hormis le premier poème extrait du recueil des Knaben wunderhorn – le Cor merveilleux de l'enfant – d'Arnim et Brentano, tous les textes sont de Mahler lui-même qui donnera un destin particulier au deuxième lied en l'utilisant comme trame mélodique du premier mouvement de sa Symphonie n°1. Yvonne Naef sut particulièrement bien ménager cet instant d'émotion poignante qui saisit les derniers vers du quatrième Lied – die zwei blauen Augen – préfigurant le sublime adieu à la vie – Abschied – qui terminera quelque vingt ans plus tard, le cycle mahlérien des six Lieder du Chant de la terre.
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Paris. Auditorium du Musée d’Orsay 20-X-2005. Alexander von Zemlinsky (1872-1942) : Sechs Gesänge op. 13 (extraits – arrangement : Erwin Stern) : Die Mädchen mit den Verbundenen Augen, Und kehrt er einst heim. Arnold Schoenberg (1874-1951) : Symphonie de chambre op. 9 (arrangement : Anton Webern) ; six Lieder op. 8 (extraits) : Natur (arrangement : Hanns Eisler), das Wappenschiild (arrangement : Erwin Stein), Voll jener Süsse (arrangement : Erwin Stein). Anton Webern (1883-1945) : Quintette pour cordes et piano. Gustav Mahler (1860-1911) : Lieder eines fahrendes Gesellen (arrangement : Arnold Schoenberg). Yvonne Naef, mezzo-soprano, Ensemble Intercontemporain, direction Ludovic Morlot.